Adjimaël HALIDI

Entretien / Situation du diabète aux Comores avec le Docteur Anssoufouddine Mohamed

Stop diabète
Stop diabète

Cardiologue exerçant à l’hôpital de Hombo sur l’île d’Anjouan et poète à ses heures perdues, Docteur Anssoufouddine Mohamed  nous dresse un tableau de l’évolution du diabète aux Comores. Interview.

 

 1-      No man’s land : Est-ce vrai que le nombre de personnes atteintes de diabète prend une proportion importante à Anjouan ?

Il est de plus en plus connu que les pays pauvres sont confrontés au double fardeau des maladies infectieuses et des nouvelles maladies anciennement réputées maladies du Nord, telles que les maladies cardio-vasculaires, le cancer et bien sûr le diabète. Parlant de diabète, effectivement nous sommes en train de parler dans les milieux hospitaliers à Anjouan d’une épidémie du diabète, le terme n’est pas consacré, il est surtout utilisé pour les maladies transmissibles, mais c’est pour traduire la flambée de cette maladie dans notre pratique quotidienne.

2-      No man’s land : Parmi ces personnes souffrantes du diabète, la plupart sont de quelle couche sociale ?

Justement ce n’est plus la maladie du riche bon mangeur, gros mangeur. Le diabète à Anjouan n’épargne aucune couche sociale, mais il est vrai que les couches démunies sont les plus touchées contrairement à ce que pensaient les gens il y a une vingtaine d’année 

3-      No man’s land : Quelles sont les causes de cette maladie à Anjouan ?

Les causes sont essentiellement représentées par le changement du mode de vie : les gens mangent trop sucré, moins de légumes dans l’alimentation, la sédentarité. Il y a une globalisation du mode de vie, on ne parle plus d’alimentation spécifiquement comorienne, la boisson sucrée bue à Dubaï  est la même que celle qui est bue à Anjouan et partout ailleurs. Les gens, et surtout ceux des couches démunies, pensent qu’en mangeant avec sa boisson sur la table, c’est une marque d’aisance.

4-      No man’s land : Ces personnes malades arrivent-ils à se payer des soins, des médicaments ?

C’est le gros problème. Ces malades sont laissés pour compte car aux Comores, malheureusement, les actions de santé publiques portent sur le SIDA, le Paludisme et la santé de la mère. Des maladies comme le diabète, les maladies cardio-vasculaires, le cancer, sont des maladies orphelines contre lesquelles aucune politique n’est mise en place. Du coup les malades sont livrés à eux-mêmes sans aucune éducation pour vivre avec leur maladie, les médicaments coûtent chers, il faudrait que l’Etat subventionnent ces médicaments.

Je dois toutefois nuancer car pour ces nouvelles maladies, il y a quelques lueurs d’espoir, je pense au Cancer où l’Union de lutte contre le Cancer (UCCC) est en train de faire un travail fabuleux, il y a également cette grosse enquête appelée STEPS que le pays, avec l’appui de l’OMS, va mener en début 2011 sur ces maladies

5-      No man’s land : Quels sont les médicaments dont ces malades ont besoin ?

Trois types de médicaments :

  •  Le régime
  • Des médicaments à avaler qu’on appelle antidiabétiques oraux
  •   Des médicaments à injecter qu’on appelle Insuline

6-      No man’s land : Les moyens matériels et humains de l’hôpital auquel vous exercez vous permettent-ils  d’assurer des soins adéquats à ces malades ?

Non

7-      No man’s land : Que doit-on faire naturellement pour ne pas contracter le diabète ?

Trois choses à faire :

  1. Faire une activité physique régulière
  2. Eviter tout ce qui est sucré, les boissons, les confiseries
  3. Et surtout privilégier les légumes dans l’alimentation.


Entretien /Hachimiya AHAMADA : Une cinéaste du terroir

 Née en France en 1976 de parents d’origine comorienne, Hachimiya AHAMDA est effectivement une cinéaste du terroir. Sa caméra toujours braquée sur sa terre d’origine, l’archipel des Comores, ses thèmes de prédilection sont l’identité et la mémoire. En 2008, elle a réalisé la fiction « La résidence Ylang Ylang ». Co-produit par Aurora Films à Paris et Washko Ink à Moroni, ce court-métrage a été projeté dans une soixantaine de festivals internationaux : du festival de Cannes au festival International du Film Black de Montréal en passant par le Women’s Films Festival in Chennai en Inde. « La Résidence Ylang Ylang »  a remporté rien qu’en 2009 de nombreux prix comme le Grand Prix du court métrage du Festival Quintessence de Ouidah, le Prix du meilleur scenario du Festival Francophone de Vaulx en Velin, la Mention Spéciale du Jury au Festival du Cinéma d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine de Milan . A travers cet entretien qu’elle nous a accordé, Hachimiya nous révèle un pan de sa vie professionnelle et intime.
HACHIMIYA AHAMADA
HACHIMIYA AHAMADA

 1-        No man’s land : Hachimiya, comment s’est faite votre arrivée dans le cinéma ?

 Adolescente, je passais tous mes samedis après midi dans un atelier vidéo à Dunkerque : l’Ecole de la Rue. Dans cet atelier avec une bande de copains passionnés de cinéma, j’avais fait mes premiers pas en réalisant de petits portraits documentaires. Il y avait eu une telle cohésion dans le groupe et un tel engouement pour les films qu’aujourd’hui certains d’entre nous ont transformé cette passion en métier. Parmi nous il y a des réalisateurs, un producteur, un projectionniste (qui est comorien d’ailleurs) et des programmateurs de films. Par ailleurs, cet atelier se trouvait dans le même bâtiment qu’une salle de cinéma d’Art et d’Essai dont le programmateur de l’époque organisait chaque année un festival de rencontres internationales de cinéma dans lequel on avait eu la chance d’échanger avec des cinéastes venant de pays différents. Ils nous aidaient à aiguiser notre regard sur le monde et à construire un discours cinématographique avec l’aide de l’image et du son. A mon regret ce festival n’existe plus. Cette période de jeunesse est ma persistance rétinienne qui aujourd’hui encore me pousse à aller plus loin dans cette voie.

 Par la suite, je me suis inscrite à l’INSAS, une école de cinéma à Bruxelles. J’ai suivi une formation de Réalisation et j’en suis sortie diplômée en 2004. 

 2-        No man’s land : Vous êtes une jeune femme, musulmane de surcroît, née dans une famille d’origine comorienne. Comment votre famille a réagi lorsque vous leur avez annoncé que vous alliez désormais embrasser une carrière de cinéaste ?

 Depuis mon adolescence, mes parents m’avaient toujours vue avec une caméra en main. Ils savaient que je passais tous mes samedis dans cet atelier. En dehors de ça, je filmais parfois des mariages traditionnels qui se faisaient dans la communauté comorienne de Dunkerque. Je prenais aussi des images propres à la famille … ça allait de soi que je voulais poursuivre cette passion comme un métier. Toutefois, ne comprenant pas le terme ‘cinéaste’ ma famille est en train de le découvrir au fil de mon parcours.  J’essaie de faire comprendre que je ne suis pas une ‘journaliste ‘! Un terme plus facile à conceptualiser.  

 Femmes ou hommes cinéastes issus du milieu musulman (et comorien de surcroît) on est tous dans le même bateau. Ce n’est pas le fait d’être une femme qui serait un obstacle ou la religion qui serait un frein pour embrasser cette carrière.  C’est l’ignorance sur les métiers qui touche à l’art en général. Nos parents ont été bercés par le cinéma de Hollywood, de Bollywood et du cinéma asiatique et comme nous n’avons pas encore conquis industriellement ce terrain là, il est normal qu’un parent craigne que son enfant se lance dans ce monde qui lui est inconnu. Pour notre jeune génération, femmes ou hommes, il faut aller de l’avant, ne pas se poser de faux problèmes ou de fausses questions sur la religion ou les traditions : on a vivement besoin d’artistes, et, dans mon domaine de cinéastes, d’acteurs qui en se mettant dans la peau de super héros seraient nos miroirs, de producteurs, de techniciens … A ce jour, on est dans une phase où l’on pose des jalons pour la génération future. 

 3-        Quel regard portez-vous sur la femme comorienne, qu’elle soit de la diaspora en France ou des Comores en général ? La femme comorienne, vous la trouvez comment ?

 J’avoue que j’ai du mal à répondre à ce genre de question très féministe.

La femme comorienne est intérieurement très forte. Quelque soit le milieu dans lequel elle se trouve, quelque soit sa dépendance à la tradition (car la femme comorienne en reste la gardienne de génération en génération), elle arrive à imposer sa place face aux hommes. C’est par elle que se font les grandes décisions familiales ou collectives contrairement à ce que l’on peut penser. Les femmes ont de la poigne ! Par ailleurs, on reste quand même une société dont la vie des femmes se fait plus ou moins en gynécée et cela renforce les femmes entre elles, elles se soutiennent vraiment. Le côté positif, c’est la solidarité pour apaiser leurs maux individuels, ô combien nombreux ! Je suis très admirative de la jeune génération de femmes qui est très dynamique, très ambitieuse, très combative et qui sait allier Modernité et Tradition. Elles donnent un bel espoir pour notre futur idéal comorien. Qu’il en soit ainsi !

 4-        Vous avez passé toute votre vie en Europe. Pourquoi avez-vous choisi de tourner votre film « Résidence Ylang Ylang » aux Comores ? La langue de ce film est le comorien, est-ce un hasard ?

  Après ma formation à l’INSAS, j’ai voulu me lancer dans une fiction. « La Résidence Ylang Ylang » est mon premier court métrage de fiction. J’ai toujours fait du documentaire qui est une très bonne école pour passer vers la fiction ou vers la fiction détournée vers le réel. Je suis partie d’un sujet qui me tient à cœur : la maison. Ce court métrage est très important pour moi car il y a des inspirations autobiographiques et il fallait aussi que je retourne à mes origines par le biais du cinéma. Je suis née à Dunkerque donc j’appartiens à la diaspora comorienne et forcément mon regard reste celui du « Je viens ».  Par « La Résidence Ylang Ylang » je voulais en moi-même casser ce regard. Le film effectué je n’arrive toujours pas à savoir si j’y suis arrivée.

 Par contre c’est ma meilleure introspection vers les Comores. Lors de mes phases de recherche pour préparer le film,  j’ai fait des rencontres qui m’ont fait comprendre ce qu’était le quotidien comorien quel que soit le milieu social. L’expérience de ce court métrage est aussi une preuve que l’on peut faire des projets de toute sorte dans le pays et que les insulaires sont en attente de ce type d’initiative. Il y a du potentiel et une telle énergie qu’on ne peut pas passer à côté de ça. La problématique majeure reste tout de même toujours : par quel moyen y arriver ?

Pour la question de la langue, un film reflétant un pays doit se faire dans la langue du pays où l’on tourne. Les insulaires sont nés et ont baigné dans la langue comorienne : cela n’aurait eu aucun sens si les acteurs avaient joué en langue française. Et, les spectateurs comoriens doivent s’accaparer un imaginaire qui se base sur leurs propres repères. Pour cela, j’ai tourné en comorien même si moi-même je ne maîtrise pas bien la langue. Je dois faire des progrès pour pousser encore plus loin mes travaux.

 5-        Vous avez présenté votre film un peu partout dans le monde, dans des festivals qui ne sont pas des moindres, de renommée internationale. Quels souvenirs avez-vous gardé de ces rencontres du 7ème art ?

 Le film a effectivement bien tourné. Un court métrage vit normalement deux ans. En deux ans et demi, « la Résidence Ylang Ylang » a été diffusé dans plus de  35 festivals internationaux. C’est génial et inattendu car je ne pense pas que mes prochains films auront un tel parcours. Le souvenir que j’en garde, c’est l’immense curiosité des spectateurs envers un pays qu’ils ne connaissent pas vraiment. Ils ont déjà entendu le nom mais ne savent pas vraiment où cela se situe dans le Monde : les Comores, dans l’imaginaire des autres, c’est un monde très reculé. Ce qui me marque c’est aussi leur surprise à voir l’omniprésence du vert (végétation luxuriante) ou à entendre une langue qui leur est inconnue. Ces rencontres en festival sont stimulantes pour continuer à travailler dans cette voie. Sans le vouloir, j’étais un peu un porte-drapeau ou un porte-parole des Comores à chaque rencontre avec un public différent. Il y a une réelle soif de voir des images venant de l’Océan Indien en cinéma, non pas en télévision mais en Cinéma. Pour cela, il y a beaucoup de travail à faire dans ce domaine là pour apaiser cette soif extérieure (et intérieure aussi d’ailleurs).

 6-        Le prochain Hachimiya parlera de quoi et dans quel pays sera-t-il tourné ?

 Je travaille actuellement sur un projet de documentaire long qui s’intitule ‘L’Ivresse d’une Oasis’ produit par Shõnagon Film et le CBA à Bruxelles. Cinq ans de travail qui sont en train d’aboutir. Un vrai parcours du combattant en terme de production. Ce temps de réalisation a été très long car je me focalise sur un thème qui apparemment ne plaît pas aux télévisions. Ce n’est pas plus mal car j’ai une liberté d’écriture et de format pour le moment. Je tourne toujours autour de ce même thème : la maison non terminée qui attend le retour de son propriétaire exilé ailleurs. Pour un ‘Je viens’ ce qui nous fait revenir au bled c’est la fierté du père : la maison familiale qu’il a construite dans son village  natal.

 Mais, en tant qu’enfant de la diaspora, que fait-on de cette maison en dur demeurant inoccupée durant de longues années?

 Et plus largement, que fait-on de notre héritage culturel comorien quand on est de France ou quand on s’en va de l’Archipel des Comores -qu’on soit de la Grande Comore, d’Anjouan, de Mohéli ou de Mayotte-?

 Je suis partie seule en 2006 faire un repérage sur les 4 îles de l’archipel et je suis revenue avec une petite équipe cette année pour filmer à nouveau dans ces îles. C’est un film d’introspection sur l’identité comorienne qui part de ma famille pour aller vers les autres. Encore une fois, les pérégrinations à travers les îles ont été de vraies révélations sur ma quête identitaire en rencontrant des gens du peuple, dans le sens noble du terme. Toutefois, ils m’ont fait comprendre chacun à sa manière ce que pouvait être un idéal comorien. Je suis actuellement en phase de montage à Bruxelles. Avec le monteur, nous essayons de réunir les 4 îles au sein de ce long film road-movie. J’espère au final avoir un film en ‘Cinéma’ qui reflète vraiment la température actuelle de l’ensemble de l’archipel.

 7-         No man’s land : Que peut le cinéma dans nos sociétés actuelles ?  Que peut apporter de positif le cinéma dans les sociétés Comoriennes en particulier et dans les sociétés du monde en général?

 Quelque soit la forme du film (fiction, documentaire, fiction-docu, cinéma expérimental), faire du cinéma, c’est donner une vision singulière sur le Monde qui nous entoure. On partage avec l’Autre nos histoires en image et en son. Dans les pays où il y a carence de cinéma, même s’il y a évasion, ce moyen d’expression a un rôle politique. Il donne la température contemporaine des pays en crise ou en expansion. Plus il y a crise, plus il y a de la matière à narrer. Plus il y a crise, plus il y a censure et plus cette contrainte oblige l’auteur à trouver une forme particulière à son œuvre (je pense au cinéma iranien et chinois dont les auteurs s’en sortent par des propositions stylistiques intéressantes malgré les condamnations lourdes dont ils écopent pour juste avoir eu envie de filmer leur pays). Cela en est de même pour les pays sans moyens industriels cinématographiques. 

 En ce qui concerne nos îles, il y a tellement d’histoires à raconter dans la culture comorienne… On est une société riche en contradictions et il y a de quoi puiser en nous pour réaliser des milliers de films avec des sujets très forts. Faire le portrait de cette société par le biais du cinéma, sans faire de concession, aurait un impact infini sur nos projections en nous-mêmes et sur notre imaginaire. Car actuellement, dans le Nord (voire aussi dans les îles mêmes), quelles images sont véhiculées sur nous ? Nous reconnaissons-nous en ces images ? Je n’arrive pas à savoir si nos images sont encore floues sur nous ?

 Il y a un besoin énorme de mettre en place un miroir pour corriger nos propres maux, pour réfléchir, pour se divertir ou pour s’évader avec un héros qui ressemble aux insulaires. On est en manque d’identification avec des personnages comoriens face à la circulation massive de films américains, asiatiques et de Bollywood en DVD. A part à Mayotte (mais il faut s’interroger sur le public qui fréquente les salles obscures), on est surtout en manque d’une salle de cinéma sur les autres îles. Au moins une dans chaque capitale, ce serait déjà pas mal.  

 8-        No man’s land : Quand on parle de cinéma, on parle toujours d’investissement, de salles de cinéma, de téléspectateurs qui se déplacent et qui achètent des tickets, de distribution, en un mot, d’industrie du cinéma. Ne pensez-vous pas qu’un développement du cinéma aux Comores implique une création d’une industrie du cinéma à l’instar de Nollywood au Nigéria, de Bollywood en Inde et de Hollywood aux Etats-Unis ?

 Avec quels moyens faire et diffuser le cinéma comorien?

C’est une question cruciale qui touche également tout le cinéma d’Afrique noire francophone à ce jour. Dans le Nord, on s’inquiète sur le manque de représentation africaine plus franche à diffuser dans les salles obscures (en dehors des festivals pour l’Afrique) alors que dans le Sud, il existe tout de même des productions qui se font chaque année (avec difficulté selon la nécessité budgétaire) sur des supports différents et de qualités différentes. Néanmoins, il y a une réelle absence de structures qui s’occuperaient essentiellement de la circulation de ces films entre les pays africains et en dehors des festivals ponctuels.

 Pour le moment je suis un peu pessimiste sur l’existence d’une industrie du cinéma comorien. Je suis plutôt dans l’ordre du rêve : il faudrait une création industrielle qui serait un mélange entre un Nollywood, un Bollywood et aussi un cinéma exigeant d’auteur. Chacun y trouverait son compte.

 Mais par quel procédé ? Par l’Etat comorien qui créerait comme cela se fait dans quelques pays africains une Commission du Film qui dépendrait du Ministère de la Culture ? Si déjà une structure de la sorte n’existe pas pour les autres formes d’art, comme la littérature ou comme le spectacle vivant dans le pays, je peux encore rêver longtemps.

 Puis, il y a une autre alternative qui est l’ensemble des aides culturelles venant du Nord ou du Moyen Orient, mais cette solution là doit-elle en être l’unique réponse pour faire accoucher nos créations?  

C’est à  méditer…

https://www.dailymotion.com/video/xtxq3w_la-residence-ylang-ylang_shortfilms

 


Wikileaks, venez nous sauver !!!!

Hacker

De nouveaux câbles diplomatiques mis en ligne sur le site consacré aux fuites d’information Wikileaks dévoilent au grand jour qu’Omar Bongo a, de son vivant bien sûr, détourné des fonds en faveur de partis politiques français. En vérité, cette nouvelle, secret de polichinelle par surcroît, a  laissé indifférents de nombreux comoriens. Pour une seule et unique raison : Les Comoriens ont toujours attendu de pieds ferme que cet « organe de renseignements le plus puissant au monde », comme aime à le vanter son fondateur, le cyberactiviste Julian Assange, leur dévoile enfin ce qui se cache derrière le tandem composés du président des Comores Sambi, qui est aussi connu sous les noms Père noël, Docteur Jekyll ou Mr Hyde et de l’homme d’affaire franco-syrien Bashar Kiwan.

Il y a quelques jours, un employé du quotidien Al-Balad Mayotte nous a mis dans le secret : « A ce qu’il paraît les renseignements généraux français se demandent d’où provient le fonds de fonctionnement du journal. Et ils ont même ouvert une enquête sur nous. D’ailleurs, parfois même, je me mets à douter du journal. Surtout quand nos salaires peinent à tomber à chaque fin de mois. Un de mes collègues m’a d’ailleurs appris que nos salaires sont versés de Moroni. Et c’est la raison pour laquelle ils arrivent toujours en retard.»

Et depuis notre équipe ne pense qu’en toucher deux mots aux hackers de Wikileaks. Elle ne pense qu’à la diffusion salvatrice de câbles diplomatiques mettant en cause le tandem docteur Jekyll-alias-Sambi-Bashar Kiwan. Que les hackers de Wikileaks jettent un œil sur les SMS et les courriels du maudit tandem et  disent aux Comoriens où sont passés les 200 millions de dollars de la vente de la citoyenneté économique à 4000 familles bédouines qui jusqu’à maintenant n’ont jamais foulé le sol comorien.  Toujours est-il que Bashar Kiwan s’est vu attribuer par Sambi alias Mr Hyde, en juin 2009, 175 millions de dollars, prélevés sur le fonds de la vente des passeports comoriens [oui en guise  de citoyenneté économique  plutôt utiliser le mot passeports comoriens parce qu’il paraît que  la société belge SEMLEX qui est à l’origine des passeports biométriques aux Comores a aussi été complice de cette transaction mafieuse].

En fait, les bédouins sont des apatrides  qui vivent aux Koweït. Et pour pouvoir voyager ou demander la nationalité koweitienne, il leur faut impérativement des papiers d’identités . En effet l’acquisition d’une quelconque titre d’identité est  naturellement impossible vu le fait que les bédouins n’ont pas de patrie. Autrement dit , l’achat de la citoyenneté comorienne leur a permis enfin de concrétiser leurs projets.

Beaucoup de Comoriens s’impatientent de savoir à quoi a servi la liasse de billets verts. Puisqu’aucun document officiel ne l’atteste jusqu’à ce jour. A part les rumeurs que le journal Al-Balad Mayotte fonctionne avec le fonds de la vente de la citoyenneté économique, personne ne sait ce que le tandem a fait de la liasse de billets verts. A part les rumeurs que bientôt Bashar Kiwan va créer une chaîne de télévision et une station de radio privées à Mayotte, personne ne sait ce que le tandem a fait de la liasse de billets verts. Ce qui est sûr, c’est que le 16 juillet 2008, Sambi a fait un communiqué au cours duquel il implique l’Emir du Koweït dans la transaction douteuse. Et quelque temps après, l’Emir du Koweït, par l’intermédiaire de son ambassadeur aux Comores avec résidence en Egypte, a fait un démenti formel à toute implication dans la transaction.

En 2009, Bashar Kiwan a été arrêté à Dubaï pour une affaire l’opposant au richissime Talal Alkhoury.  En fait, voilà la petite histoire. Talal Alkhoury avait investi 34 millions de dollars dans le projet d’une mise en place aux Comores d’une deuxième société de téléphonie mobile. Et l’Etat comorien, au nom de Mr Hyde, s’était associé à ce projet en délivrant gratuitement une licence d’exploitation à Bashar. Mais comme le projet ne voyait jamais le jour, Bashar avait vendu la licence d’exploitation à un autre opérateur de téléphonie mobile, le richissime Talal a porté plainte contre Bashar. Et certains disent que c’est grâce à l’intervention du Père Noël que Bashar a été relaxé par les autorités émérites.

Vraiment nous espérons que Wikileaks fasse la lumière sur ces affaires.

Julien Assange est né le 3 juillet en Australie. Il est le créateur de Wikileaks. Et après les révélations des télégrammes de la diplomatie américaine au mois de novembre dernier sur son site, il est accusé d’avoir eu des relations sexuelles consentantes mais sans préservatif avec une jeune femme suédoise. Il vient de révéler au monde entier que la prochaine guerre mondiale sera sans l’ombre d’un doute électronique : une cyberguerre.

 


Mayotte …au rendez-vous du porno international

« Car, qu’est-ce qu’un peuple ? Un peuple est une population .C’est pour moi la même chose. Mais le peuple, c’est la population consciente d’elle-même. Consciente de son histoire, consciente de sa culture, consciente de sa dignité. Et c’est ça qui devient un peuple. La population devient un peuple par un processus de conscience. Laquelle conscience se conquiert au fur et à mesure que les peuples brandissent leur fierté, leur propre reconnaissance. »

Aimé Césaire.

Ce n’est un secret pour personne, la population de Mayotte est musulmane à 95 %. La plupart des Mahorais, avant de fréquenter l’école d’expression française, doivent nécessairement passer à l’école coranique dès l’âge de 4 ans pour être initié à l’alphabet phonique arabe et à la lecture du coran. D’ailleurs, pour ne pas vexer les Mahorais, l’Etat français a, pendant qu’il interdisait le port de signes religieux dans les milieux scolaires à l’hexagone, permis le port du voile à Mayotte ; prétextant que le voile mahorais est culturel et non pas religieux : les femmes zanzibarites grinceront sûrement des dents en entendant ce truisme, elles dont les aïeules ont emboîté le pas aux femmes voilées venues d’Hadramaout. Néanmoins, au lendemain du vote pour la départementalisation de Mayotte, les chefs religieux sont convaincus de tomber de leur piédestal, de ne plus avoir voix au chapitre. En ce samedi 23 octobre, quand les cadis et autres musulmans de Mayotte se sont réunis à la Maison des Jeunes de Mamoudzou, sise au quartier Mgombani,  pour parler de l’avenir de l’Islam sur leur île, No man’s land a profité de l’occasion pour recueillir les avis des religieux et autres citoyens sur le spectacle érotique de la n°1 du X français, Katsuni, qui aura lieu ce 6 novembre à la discothèque le Koropa. Reportage.

La porno-star française Katsumi
La porno-star française Katsumi

 « C’est grave. Ce spectacle doit être interdit à Mayotte. Mayotte est une terre musulmane, la population doit se soulever contre des pratiques de ce genre. D’ailleurs, un hadith du prophète interdit à la femme de montrer sa nudité à une personne autre que son époux. Nous allons faire des invocations… peut-être même investir les rues pour dénoncer ce spectacle. Et sûrement les Mahorais qui ont  foi dans l’Islam vont se joindre à nous. » nous a appris Mouridi Halidi, cadi de Sada. Pour Ibrahim Souleïmane « ce spectacle est contraire à notre religion musulmane. Des orgies pareilles existent déjà à Mayotte, mais se font en cachette. Mais faire venir carrément une professionnelle du porno à Mayotte et inviter des gens à aller la voir est inadmissible. C’est un virus qui risque de se propager dans toute l’île. »

 Après les religieux, nous avons aussi interrogé le citoyen lambda. « Les mahorais veulent être département. Ils doivent accepter les lois qui vont avec le département. Mayotte ne sera pas un département musulman, il sera un département comme les autres. » nous a dit Patrice Roux, qui est responsable d’usine. Pour Gabriel qui est artisan « à Mayotte, on est Français avant tout. C’est vrai que la majorité de la population est musulmane, mais la France n’est pas musulmane ». Pour Stéphane qui est barman «  Mayotte a voté département donc elle doit accepter les lois de la république, la laïcité y compris. Toute culture a droit à une ouverture d’esprit. Koropa est un endroit clos et privé. Et personne n’est obligé d’aller voir ce spectacle. »

 Pour Saïd Soilihi, qui est enseignant au collège de Doujani, « c’est bien qu’un spectacle pareil soit fait à Mayotte. Il faut que les jeunes grandissent d’une manière ou d’une autre. Ces pratiques vicieuses vont de pair avec la situation actuelle de Mayotte. Cette orgie va aveugler davantage cette jeunesse sacrifiée, détruire l’avenir de Mayotte. Les jeunes mahorais ne sont pas avertis, n’ont pas l’esprit critique, ils vont adhérer facilement… ». Djamal est chargé d’exécution des marchés scolaires et selon lui « les jeunes mahorais ont tourné le dos à leurs traditions. Et cela est lamentable. A force de se tourner vers tout ce qui est moderne, les jeunes n’ont plus le temps de réfléchir parce qu’ils n’ont plus de repères. Ils sont incapables de séparer le bon grain de l’ivraie. Raison pour laquelle, ils se laissent influencer facilement. Et rassurez-vous que la mention qui est  apposée sur le dépliant «  EXCLUSIVEMENT RESERVE AUX ADULTES CONSENTANTS» est un miroir aux alouettes. Puisque ce qui fait la réputation du Koropa, c’est les mineures de 15-17 ans… ».

 Pour Bacar Ali Boto « par rapport à la religion, c’est interdit. Devant les lois traditionnelles, c’est une mauvaise chose. Mais il ne faut pas oublier qu’à Mayotte on vit en démocratie. Chacun de nous a le droit de faire ce que bon lui semble à condition que ça ne dérange autrui. Ce spectacle aura lieu dans un endroit clos et privé, alors pourquoi pas. Moi personnellement je n’irai pas à ce spectacle, mais je ne peux pas empêcher les autres de ne pas y aller ». « J’ai vécu un peu partout dans le monde. Et je suis marin. Et il ne faut pas oublier que le métier de marin et la prostitution font partie des plus vieux métiers du monde. Toutefois, si Mayotte est un pays super musulman, ce n’est pas bien de faire un spectacle pareil ici. Si Katsuni vient juste pour visiter l’île, ce n’est pas un problème. Mais si elle vient faire des spectacles de folie, là c’est grave. C’est une insulte aux gens d’ici, moi non plus je n’accepterais pas qu’en Belgique on se mette à faire de la drogue dans les rues. » nous a affirmé Ray , qui est Belge . « Mayotte est un pays où il y a un brassage de population. Et moi je suis pour le multiculturel. Mais des spectacles de cette envergure vont inciter les jeunes à se prostituer. Et département ne veut pas dire se porter à la débauche. Même la culture judéo-chrétienne des Français interdit ces pratiques vicieuses qui banalisent la femme, la réduisent à quelque chose de sans importance, la rabaisse. » nous a appris Mondroha Saïd Ali, qui travaille au bureau Justice musulmane du Conseil général de Mayotte.

 Geneviève Klaver nous fait part de ses sentiments : « En tant que femme et  mère de famille, je suis choquée que mon fils âgé de 12 ans ait accès à des images pornographiques, dégradantes pour la femme, en allant tout simplement acheter son pain à la boulangerie. Là, je fais référence à cette plaquette censée annoncer les événements de la semaine à Mayotte et que l’on peut trouver un peu partout. Annoncer ce genre de spectacle, pourquoi pas, mais l’illustrer par de telles photos, c’est inacceptable. Il n’est pas là question de culture ni de religion, mais de valeur morale, bien loin de celle que je tente d’inculquer à mon fils, tout comme beaucoup de mères, j’imagine.»

 Pour Papajan, qui est artiste peintre, « sur l’échelle des vices, les strip-teases sont moins graves que les débauches alcooliques. Dans une île comme Mayotte, où l’on propose aux consommateurs un grand choix de produits… ». Loin de vouloir enfoncer le clou, il est à noter que le Qatar et Dubaï sont des terres musulmanes, pourtant les étrangers qui y vivent ont le droit de construire des églises, des synagogues … Pour rafraîchir les mémoires, il ne faut pas oublier que la liberté des uns commence là où s’arrête la liberté des autres. En somme,  les Mahorais doivent marcher dans le sillage des Qataris et des Emiriens quant au respect des choix et des religions des autres. Ils doivent être tolérants en un mot. Et les exemples à ne pas suivre sont ceux de la Suisse qui interdit les minarets et de la France qui ôte le voile à ses citoyennes. « Pour moi, il faut respecter la spécificité culturelle de l’île, je ne dis pas religieuse, mais bien culturelle, c’est-à-dire que ce genre d’évènement peut se produire, mais dans un espace clos et privé. Par contre, afficher des fesses dans un dépliant disponible partout et accessible à tous me paraît choquant par rapport à la culture de Mayotte. On parle de départementalisation adaptée et ce doit être le cas, Mayotte n’est pas l’Auvergne ni la Bretagne. Tout ça, c’est du pain béni pour les djaoulas. » nous a confié Fred, animateur de l’émission la 7ème vagues à la radio Kwezi FM. .

 En effet, la démocratie est d’abord  un contrat social. Et en démocratie, c’est la majorité qui fait la loi. Maintenant il reste à savoir ce que pensent tous les Mahorais du spectacle de Katsuni. Toutefois, Aimé Césaire a forgé au milieu des années 40 l’expression départementalisation progressive et adaptée, parce que lucide. Il savait désormais que les changements brusques et précipités peuvent avoir des impacts négatifs sur les sociétés. Reste à savoir combien de jeunes inadaptés sociaux ont fait la perte des repères socioculturels à Mayotte ces dix dernières années.  Néanmoins, soucieux de conserver la culture et le mode de vie des Mahorais, l’Etat français a proposé aux Mahorais un département progressif et surtout adapté à la réalité, aux spécificités et aux particularités de la société mahoraise. Une proposition qui n’est pas bien vue par beaucoup d’élus mahorais à l’instar du député Abdoulatuf Aly qui, lui, demande un département muhakaka : un département qui ressemble comme deux gouttes d’eau aux départements de la France hexagonale et des autres Dom. Ce qui est sûr, c’est que l’entêtement de certains élus aura un effet boomerang, si jamais les Mahorais ne se réveillent pas dès à présent … parce qu’il est encore tôt. Et pour ceux qui disent qu’il  est tard, qu’ils sachent que mieux vaut tard que jamais.

 Katsuni, anciennement appelée Katsumi, est une actrice de films pornographiques franco-vietnamienne née en 1979 à Lyon.  Après des études Politiques et de Lettres Modernes, elle s’oriente vers les films pornographiques. Elle vit entre la France et les Etats-Unis où elle fait partie des actrices les plus cotées du cinéma X américain. Elle a tourné dans une cinquantaine de films à gros ou petit budget et a reçu plus d’une trentaine de récompenses internationales. En 2006, elle se fait poser des implants mammaires, et la taille de ses seins est passée de 85 B à 90D. En France, elle a été invitée à des émissions de France-Télévision comme ON EST PAS COUCHE ou CE SOIR OU JAMAIS. Et sur le câble, elle anime aussi une émission de Manga pour adulte (connus sous le nom d’ Hentaï au Nippon )sur la chaîne musicale MCM, et a participé au clip du rappeur Doc Gynéco Funky Maxime. A Mayotte, Katsuni mettra surtout en avant ses performances de show-girl, en interprétant une partie de strip-tease sur la scène de la discothèque le Koropa. Elle fera également la promotion de sa marque de lingerie Petit cœur. Elle parlera aussi de sa carrière, des prouesses de la chirurgie plastique, des prothèses et signera des autographes. Une boutique de sex toy sera mise à la disposition des clientes.