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    Regarder l’archipel des Comores autrement
      Article : En finir avec Bob (Denard) : Revendication d’un parricide / de Sadani Tsindami
      Culture
      1
      12 avril 2011

      En finir avec Bob (Denard) : Revendication d’un parricide / de Sadani Tsindami

      C’est une musique que l’on aimerait entendre souvent. Une musique au rythme des mots qui nous parlent, parce qu’ils nous concernent et traduisent cet air violent et triste des histoires confisquées. Loin des aubades viriles des assassins de l’aube, des orgues de Staline crépitant dans les imaginaires de peur, un instant de pur plaisir, comme une sonate au crépuscule précède une bonne nuit aux côtés de nos amours.

      en finir avec bob/ source : editions-harmattan.fr
      en finir avec bob/ source : editions-harmattan.fr

      Il s’agit de donner la mort et pas n’importe quelle mort, une mort qui délivre et qui rend fiers.

      Un livre, un Chien, une histoire et un pays.

      Il en est de ce que j’entends louer, « en finir avec Bob », opus du poète, nouvelliste et romancier Comorien, Nassuf Djaïlani, natif de Chiconi, Mayotte, œuvrant dans la droite ligne des Serrez-la-main, ces illustres aînés qui ont combattu le double péché insulaire, le reniement et le séparatisme.

      En finir avec Bob

      L’entreprise de l’auteur ?

      « Se réapproprier ….l’histoire [comorienne]… fouiller… interroger, pour reconstituer des trajectoires rompues ». Et il a réussi en ce sens que sa dernière livraison littéraire pose et dispose de notre Histoire récente avec un H majuscule.

      Un jeune homme de 25 ans, a nourri et réussi le projet d’assassiner un autre homme.

      La belle entreprise !

      Cet autre homme l’est-il vraiment ? Qu’est-ce un homme, finalement ?

      Il a décidé de faire passer à trépas, Bob Denard, le mercenaire beau frère de certains d’entre vous, qui a assassiné deux chefs d’état de chez nous et qui reste un mythe pour des esprits égarés. Il a réussi. Et de quelle manière dis donc !

      Il l’a dépecé comme on prépare un saurien, une tortue dans le clair obscur. Pour un festin de pauvre.

      Il fallait qu’un jour un Comorien talentueux, ose cette sortie. Et Dieu que cela fait plaisir !
      Plaisir de lire ces instantanés visuels, plaisir de sentir la colère émergeant suivi d’actes définitifs : Tuer un mercenaire qui a tué tant d’Africains. Tant de Comoriens, même si c’est une fiction. Mais la fiction, n’imite t-elle pas le réel ?

      Plaisir d’outre-tombe

      Ahamada C., jeune Comorien, mort, fusillé sûrement, se définit et définit l’acte cathartique d’avoir tué le père. Ce père, c’est Bob Denard. Par forts détails, il énumère comment, son couteau s’est planté dans les viscères du mercenaire, jusqu’à la mort de ce dernier. Avec la satisfaction d’une mission accomplie entre dérision et cynisme, tout cela devant un tribunal ….

      Après avoir tué Bob, Ahamada C. a été occis lui aussi. Mais avant, il a subi un texte, un texte colonial, une loi écrite par les vainqueurs, au tribunal de Moroni.

      Ici le loufoque se dispute à la bêtise du président du tribunal. Dans ses frusques comiques, dépassé par l’avènement d’un monde en gestation, le juge ne comprend pas comment, un jeune Comorien a pu tuer, cette honorable personne, Monsieur Mustwafa Mhadjou et exige tout le respect dû à Bob Denard, dans le langage emporté d’Ahamada C., évoquant minutieusement la mort du Chien. Evidemment, Ahamada C. a copieusement « pissé dans la raie » de Bob, devant monsieur le président du tribunal.

      Pour Ahamada C. cet individu est un « grand salaud », point barre. Et il a fait œuvre utile en lui faisant dégouliner le sang par la moindre aspérité de ses pores, à ce porc !

      Ahamada C. dans sa tombe, ne fait pas que se remuer, il se remémore et nous rappelle qui est sa victime, -est et non pas était- car, Bob Denard est de ces spectres obsessionnels que l’Histoire comorien ne retient qu’au présent, tellement ses péchés- L’enfer aura ses restes minables- ont marqué nos années de jeunesse et hante encore et toujours nos vies.

      Le discours est direct dans « En finir avec Bob ». Point de chichis. Les chiens ne le méritent pas. Point de concessions, les mercenaires devraient être voués à ce genre de mort. Point de regrets. Un révolutionnaire sait toujours ce qui l’attend. Une mort expéditive dans un pays aux lois des autres.

      Au tribunal, Ahamada C. explique au juge, le sens de son acte : Un acte de contrition. Un rachat de et pour son peuple, à l’instar de ce garde qui devait le pendre et qui s’y refusa, estimant que quiconque aura donné la mort à tel individu, revêt les habits de l’héroïsme .On l’aura compris toute la démarche procède non pas de l’analyse mais de la catharsis.

      Plus tard, La mère d’Ahamada , reprend symboliquement le combat de l’espoir, en plantant des mots dans un jardin imaginaire : Des mots au sens de liberté, de justice, de dignité. Pour garder le souvenir digne d’un fils digne d’être son fruit.

      Malheureusement, de ces efforts, la mère ne reçoit pas non plus de réponse et désolée et attristée, retombe dans la morosité et le désespoir caractéristiques, cette sorte de fatum, qui fait naître des figues de barbarie à la place de roses souhaitées : « C’est pathétique, mais le génie de ce pays réside dans notre capacité à poser les bonnes questions et d’être éternellement résolus à apporter les mauvaises réponses »…Paroles d’une mère !

      Dieu omniprésent, en son sein, Ahamada C., lui a permis de dire le mot de la fin, de sa tombe : « Fouiller, fouiller toujours….dans une quête désespéré du sens »…

      Ce sens, c’est le sens comorien, la réhabilitation de notre étant focalisé autour de notre propre identité et de notre approche par rapport au monde. En terme littéraire puisque EN FINIR AVEC BOB est une fiction socialisée et historiquement testimoniale, Nassuf pose la véritable question de l’affranchissement et de la dignité de l’homme, quel qu’en soit le prix.

      La mort d’Ahamada Combo- avec le symbole obsédant du nom de Combo- connu pour être le fils de Bob Denard, est un clin d’œil, pour signifier comme dit le SAINT Coran « Faman Ya’an mala Mithkala Dharati haïran ya ra’u » . Comme le Christ a porté sur ses épaules, les péchés de son peuple, nous accordons au Combo fictif de « En finir avec Bob », la rémission des nôtres.

      Il nous a débarrassés de nos cauchemars, du honni Bob Denard !

      Personnellement, j’ai trouvé le ton juste, l’écriture limpide, la compréhension immédiate et le sens interrogateur. Le livre est parsemé de symboles identificateurs. 6 juillet 1975. 5, place de l’indépendance. Protocole du don de parole. Tsi unika ‘om drongo… Le Coran. Les bœufs que l’on mène à l’abattoir …

      J’ai aimé. De sorte que dans ce little bled où je vis, en Comores traditionnelles, j’ai tout fait pour rencontrer l’auteur. Il était là, entre un Trembo (moi) et un coca (lui). Nous avons devisé, ri un peu (notre condition ne permet pas la connivence avec le malheur).

      Nassuf, Chapeau !

      Lisez « En finir avec Bob », on pourra en parler finalement, ensemble, comme au beau vieux temps de l’exil.

      Sadani Tsindami

      Œuvres de Nassuf Djailani :

      Théâtre :

      En finir avec Bob- L’Harmattan, 2011
      La vertu des Ombres-Inédit, 2006 ( monté par le théâtre Djumbé)
      Les balbutiements d’une louve- inédit
      Sur le pic du hurlement- inédit
      Cette schizophrénie que nous avons en partage-inédit

      Poésie :

      Le songe d’une probable renaissance- Komedit, 2010
      Roucoulement (variations poétique)-Komedit, 2006
      Spirales. Editions les Belles Pages ()Marseille, 2004 (épuisé)

      Roman :

      Comorian vertigo- inédit
      Lorsque j’étais une espérance (à paraître)
      Cette morsure lente et insidieuse (à paraître)

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      Article : Loi sur l’interdiction du voile intégral : MAYOTTE ET LA REUNION NE SONT PAS CONCERNEES
      News
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      11 avril 2011

      Loi sur l’interdiction du voile intégral : MAYOTTE ET LA REUNION NE SONT PAS CONCERNEES

      En France, la loi sur l’interdiction du voile intégral (niqab et burqa) dans l’espace public du 11 octobre 2010 est entrée en vigueur ce lundi 11 avril. Les femmes qui portent le voile intégral (2000 d’après les estimations) n’ont plus désormais le droit d’être couvertes dans la rue sous peine d’une amende de 150 euros et/ou d’un stage de citoyenneté. Quant aux époux, religieux ou pères de familles qui forceront leur femme ou leur fille de porter le voile intégral seront passibles d’une amande de 30 000 euros et d’un an d’emprisonnement. Et la peine sera doublée si la personne contrainte est mineure.

      Mariage à Sima Bwani

       

      Claude Guéant, ministre français de l’Intérieur, a envoyé le 31 mars une circulaire aux préfets et aux forces de sécurité, néanmoins dans certains départements des outremers, notamment Mayotte et la Réunion, cette nouvelle loi ne sera pas applicable pour le moment . Les départements de Mayotte et de la Réunion comptent un nombre important de personnes de confession musulmane. D’ailleurs, la loi du 15 mars 2004 interdisant le port de signes religieux ostensibles dans les écoles, collèges et lycées publics, n’interdit pas le voile mahorais sous prétexte qu’il est culturel et non pas religieux. Et la sénatrice réunionnaise Anne-Marie Payet a été la seule à voter contre la loi sur l’interdiction du voile intégral dans l’espace public.

      Le ministre français de la Justice Michel Mercier était de passage à Mayotte le 8 avril pour l’implantation des juridictions de droit commun inhérentes au nouveau statut de l’île. Au demeurant, la République française qui a rendu hommage au chantre de la négritude Aimé Césaire au Panthéon le 7 avril tient pour le moment , au nom de la démocratie et de la constitution française, ses promesses de respecter les spécificités et les particularités de certains de ses territoires.

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      Article : JE SUIS UNE FEMME MAIS JE ME SOIGNE
      Société
      7
      4 avril 2011

      JE SUIS UNE FEMME MAIS JE ME SOIGNE

      Mayotte. Archipel des Comores. Des femmes se racontent, et au gré des lignes se dessinent les portraits instantanés de Comoriennes, qui tout en se refusant à voir leur histoire passées sous silence, s’évertuent à trouver une issue favorable dans les méandres d’un quotidien difficile.

      Vendeur à la criée à Moroni

      On peut juger du degré de civilisation d’un peuple à la situation sociale de la femme.
      Domingo Faustino Sarmiento

      Mariama, trentenaire, est célibataire. Elle a effectué des études universitaires en France hexagonale. Artiste et chroniqueuse télé, elle habite à M’tsagamuji. Elle témoigne : «En 1995, dès la fin de mes études en France, j’ai appelé ma mère pour lui annoncer que j’allais rentrer avec mon copain m’zungu (européen)». Elle m’a répondu sèchement : «Ton m’zungu qu’il reste en France.» J’ai du mal à comprendre la société mahoraise. Les Mahorais veulent l’argent de la France, mais ne veulent pas de la France dans leur lit. Ma mère a fait tout un pataquès parce que, selon la convention collective, c’est la mère et seulement la mère qui est jugée apte à effectuer le choix du mari et la demande en mariage. Et le mari idéal, l’époux convenable doit être de famille noble mahoraise. Pas question de choisir un Mahorais d’une famille inconnue par nos mères. Pas question de choisir un Métropolitain. Pas question de choisir un Comorien d’Anjouan, de la Grande-comore ou de Mohéli. Sinon, on couvre d’ignominie sa famille. En vrai, ce n’est plus un mariage des enfants, c’est un mariage de familles et de mères. Honnêtement, quand je vois tout ce que nous subissons dans nos familles, parfois je ne suis pas étonnée quand je vois une fille se faire mettre enceinte pour fuir la maison familiale…

      En effet, j’ai repoussé toutes les propositions de ma mère. Et depuis, aucun membre de ma famille ne me parle convenablement. Pour eux, je suis la honte de la famille. Il faut savoir que dans la culture mahoraise, le droit à la révolte n’existe pas. Cependant, le fait que je sois devenue une femme instruite, une femme moderne, n’est pas si bien accepté que ça par les hommes mahorais. Les hommes mahorais sont effrayés par les femmes qui ont faits des études. De fait, ils veulent des femmes soumises, des femmes qui ne posent pas de questions. Dès qu’une femme se pose des questions, a envie de s’occuper d’elle-même, cherche à se développer personnellement, elle est mal vue. C’est vraiment difficile de s’épanouir à Mayotte en tant que femme. Dès qu’une femme est ouverte, parle avec tout le monde, on ne la respecte plus. L’homme mahorais au lieu de se réjouir qu’une femme ait fait des études, ait acquis un savoir, il se méfie d’elle. En effet, les hommes mahorais ont eu droit à un schéma, et se mettent à reproduire d’instinct le même schéma. Ils emboîtent le pas à leurs parents. »

      Les mères mahoraises sont elles déterministes ou possessives ? Dans tous les cas, les mères mahoraises, et comoriennes en général, disent à leurs enfants qu’ils resteront à jamais débiteurs envers elles. Parce que sans elles, ils n’auraient jamais vu le jour. Cependant à Mayotte, et en Afrique noire en général, un enfant, une fois adulte, est une source essentielle du revenu familial. Peut-être est-ce la raison pour laquelle les parents ne tolèrent aucune once de rébellion de leurs enfants. Toute tolérance, aussi moindre qu’elle puisse être, pourrait être à l’origine d’une libération, d’une liberté. Ainsi faut-il maintenir l’holisme, sinon les structures et les mentalités de la solidarité familiale, au détriment de l’individualisme ? L’intérêt de la famille doit-il toujours passer avant l’intérêt personnel ? Peut-on faire cohabiter l’individualisme et l’holisme dans une même société ? A vrai dire, l’individualisme est un concept né de la Déclaration des Droits de l’Homme puisque ce document affirme que « les êtres humains sont des individus, indépendamment de toute désignation collective ». Et à Mayotte, ceux qui osent regarder en arrière sans avoir peur d’être transformés en statue de sel comme la femme de Loth ou voir leur femme Eurydice rappelée aux Enfers par Hadès comme Orphée, se sont rendus compte que ces valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité que prône la Déclaration des Droits de l’Homme sont aussi celles qu’ont toujours défendues les traditions africaines, d’où l’universalité des valeurs. Puisque au-delà du folklore, des artifices, du superficiel des traditions -à savoir les danses , les vêtements , l’architecture et la cuisine,- les traditions mettent en exergue des valeurs de paix , d’unité , d’ égalité , de liberté et de respect mutuel.

      Néanmoins, aucune tradition n’est figée, n’est statique. Toute tradition est dynamique et est influencée par d’autres traditions puisque l’esprit de l’homme est évolutif. Khalil Gibran Khalil compare l’esprit à une flamme qui brûle et augmente toujours davantage. Par ailleurs le Coran recommande aux musulmans la quête du savoir, des connaissances, durant toute leur vie, dussent-ils aller en Chine pour les acquérir. Et sachant que ce sont les jeunes qui portent souvent ce changement ou l’évolution des traditions, dans la mesure où ce sont eux qui sont physiquement et mentalement aptes à courir derrière le savoir, Khalil Gibran Khalil recommande alors aux aînés à prendre exemple sur les cadets. « Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles du désir de la Vie pour elle-même. Ils passent par vous mais ne viennent pas de vous, et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas. Vous pouvez leur donner votre amour, mais pas vos pensées, car ils ont leurs propres pensées. Vous pouvez loger leur corps, mais pas leurs âmes, car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter, pas même en rêve. ».

      Aujourd’hui, on parle çà et là d’identité plurielle ou d’ « identité rhizome » [si nous pouvons reprendre les termes de feu Edouard Glissant] pour qu’enfin la lâcheté des misonéistes cesse de se transformer en faiblesse. Et qui dit faiblesse dit peur de l’inconnu, du changement. D’ailleurs, c’était cette peur de l’inconnu, du changement, qui en s’éjectant dans le corps des Bretons avait pulvérisé ces derniers et fait qu’ils étaient incapables de retirer l’épée Excalibur de la pierre. La preuve, c’est la fougue et la témérité de l’enfant Arthur qui a fait retirer l’épée de la pierre. Cependant, aucun être humain ne peut embrasser une autre culture s’il ignore totalement sa propre culture. La culture de naissance est un tremplin ; pour mieux sauter il faut être bien ancré dans sa propre culture ou sinon avoir une culture d’ancrage: c’est en sachant dire MOI qu’on arrive à dire sans ambages NOUS. Pour dissiper le(s) « conflit(s) des générations », il faut qu’il y ait un vrai dialogue intergénérationnel : l’enfant doit oser porter son regard derrière et l’adulte doit oser porter son regard devant : l’interaction ne doit pas être à sens unique.

      Famille monoparentale, phénomène récurrent à Mayotte

      Domoni 2009
      Domoni 2009

      Hissane a 26 ans. Elle est psychologue de formation. Mère d’un nouveau-né, elle s’est séparée d’avec son mari quelque trois mois après la naissance de leur enfant. Elle raconte : « La société mahoraise est machiste. A Mayotte, la femme a comme principaux rôles : s’occuper de son mari comme un prince, faire les travaux domestiques et faire des enfants. Et dès qu’une femme cherche à se dégager du chemin battu, elle n’est plus épousable. La femme d’antan n’avait pas le choix. Analphabète, elle se contentait de jouir de son rôle de femme au foyer.

      Mais nous qui avons fait des études, avons du mal à faire un couple puisque nous refusons d’être des femmes au foyer, des bonnes à tout faire. Beaucoup de femmes qui ont fait des études se retrouvent seules. Si elles n’ont pas emmené un époux m’zungu depuis la France hexagonale, il n’y a pas de Mahorais qui les demande en mariage. Si on proposait à un Mahorais de choisir entre une femme instruite et une femme de type traditionaliste, c’est sûrement celle qui est traditionaliste qui l’emporterait. Parce que la femme de type traditionaliste peut accepter sans rechigner l’inconstance de son mari. D’ordinaire, on ne coupe pas la main qui nous nourrit. Les femmes de type traditionaliste vivent dans cette peur qu’elles appellent respect. Nous autres, nous jouons au détective, nous faisons beaucoup de surveillance et en fin de compte cette surveillance accrue provoque une méfiance entre les partenaires. C’est pourquoi de nos jours les femmes instruites préfèrent être seules que mal accompagnées.

      C’est la femme elle-même qui prend l’initiative de partir et élever seules les enfants. Elles ont du mal à vivre tout le temps au cœur d’un conflit conjugal, dans l’hypocrisie d’une famille normale d’apparence (signes extérieurs de richesse: vêtements chics, voiture de luxe, énorme maison en dur). Et pour préserver les enfants, nous sommes obligées de leur expliquer les choses telles qu’elles sont dans la réalité. Les hommes sont plus des géniteurs que des papas. Ils n’ont pas la fibre paternelle. Ils ne sont jamais présents. Ils ne s’occupent pas de leurs enfants comme il le faut. Pourtant, chaque enfant a besoin de l’amour de ses deux parents. Bien sûr qu’il y a des répercussions sur les enfants. Il y a des enfants qui, une fois adultes, sombrent soit dans les dépressions, soit dans la prostitution. Ce qui fait que nous les mères célibataires avons la double mission de subvenir aux besoins de nos enfants et de les encadrer pour qu’ils ne partent pas à la dérive. Néanmoins, il ne faut pas donner tous les torts aux hommes. Car ce sont nous les femmes qui sommes responsables de nos malheurs. Puisque ce sont nous-mêmes qui élevons nos filles à être d’excellentes femmes au foyer et inculquons à nos garçons des modes de penser machistes. »

      La société mahoraise est complexe et compliquée étant donné qu’elle est machiste et matriarcale à la fois. Machiste puisque l’homme se croit supérieur à la femme. Et matriarcale puisque virtuellement c’est la femme qui fait tout, travaille la terre ou vend au marché pour celles qui le font encore ; élève les enfants, fait construire les maisons des filles (importante pour contracter le mariage), prépare les festivités de mariage, souscrit aux tontines (shikowa), initie et mène les mouvements de contestations ou part en France hexagonale où elle espère accéder à des prestations familiales.

      Et pendant ce temps, l’homme se cachant derrière une historicité religieuse [la mythologie grecque considère la femme (Pandore) comme étant à l’origine du mal sur terre ; et les Religions du Livre impute le péché originel à la Femme (Eve pour les occidentaux ou Hawa pour les musulmans] ou juridique [la justice française ( et comorienne) consacre la puissance maritale et paternelle en déclarant l’autorité du père dans la famille conjugale ( le nom de famille est formé d’après le nom du père ( patronyme) ] a assujetti la femme comme ces maîtres des cieux ou maîtres de la terre qui grâce à une baguette magique ou au pouvoir des armes ont pu réduire à l’état d’esclavage des milliers d’hommes. Assurément une femme-Philomèle, bâillonnée, assujettie, arrange beaucoup d’hommes, et pas seulement à Mayotte.

      Certains parleraient de syndrome de Stockholm, que la femme par amour pour son mari a fini par se plaire dans son état de servage, comme Sisyphe avec son rocher. Mais à vrai dire le mal est plus profond sachant que l’éducation donnée par la famille aux enfants, depuis leurs plus jeunes âges, est inégalitaire et fait que le machisme dans les attitudes des hommes à l’égard des femmes est flagrant. Le rôle domestique et expressif de la femme est naturel tout comme le rôle instrumental et professionnel des hommes. En parlant de profession, il est à noter qu’il existe une vraie discrimination sur le marché du travail à Mayotte « Pour qu’une femme ait un travail à Mayotte, il faut qu’elle connaisse les bonnes personnes. Un élu surtout. Sinon elle est obligée d’échanger ses charmes contre du travail. Avant c’étaient seulement les Mahorais qui s’adonnaient à ce chantage. Actuellement les wazungu aussi s’intéressent aux femmes mahoraises. Les hommes entrepreneurs se transforment en monstres lorsque la femme ne joue pas le jeu. A Mayotte, au lieu de parler de relations humaines, parlons plutôt de relations de séductions. »nous raconte une jeune femme , psychologue de formation au chômage ,blasée par le népotisme et le favoritisme sous-jacents à Mayotte.

      Avoir une vie sexuelle épanouie à Mayotte, est-ce possible ?

      Djawariya a 16 ans. Elle est scolarisée au lycée de Sada. Son fiancé a 30 ans et travaille dans un supermarché à l’entrée de Majicavo. « J’ai rencontré mon fiancé quand j’avais 14 ans. Et pour ne pas offenser ma mère, nous n’avons jamais essayé de faire une pénétration vaginale. Nous avons recours à d’autres formes de plaisirs. Ma mère veut vraiment que je garde ma virginité jusqu’au mariage ».

      Moudhuhiri Abdoulhalim est professeur dans un madras de M’tsapéré. Il affirme : « A part Aïchat, que le Prophète Muhammad alors âgé de 58 ans avait prise pour épouse alors qu’elle n’avait que 9 ans, toutes les femmes du prophète avaient déjà connu des hommes avant lui. Ce qui veut dire que le Prophète aimait les femmes qui avaient de l’expérience. En effet, l’hymen ou la virginité est une sunna, ce n’est pas une obligation. Nulle part dans le Coran n’est mentionné que la virginité est obligatoire. Par ailleurs, Allah dit dans le Coran que le meilleur des musulmans est celui qui respecte la femme. Un bon musulman doit bien se comporter avec les femmes. Et quand une femme est bien considérée dans un foyer, elle donne une meilleure éducation aux enfants. Mais quand la femme est maltraitée, elle se détourne de son rôle d’éducatrice et les enfants finissent dans la débauche. En 632, lors de son dernier pèlerinage, le Prophète s’adressant à une foule de musulmans a dit : »Ne faites de tort à personne …Ô hommes, vous avez des droits sur vos épouses, et elles ont réciproquement des droits sur vous. Traitez les femmes avec douceur. « 

      Le Prophète en s’adressant à nous les hommes a dit : « Avant de faire l’amour avec vos femmes, il faut leur faire d’abord des câlins, il faut les enchanter avec des mots doux jusqu’à ce qu’elles mouillent. Et surtout il faut attendre que la femme ait atteint l’orgasme pour jouir ».

      « Pour ce qui est de la virginité, nous apprend Hamida, je ne saurais rien dire puisque j’ai été violée dans mon enfance par mon cousin. D’ailleurs, j’avais attaqué mon violeur en justice et j’ai eu gain de cause. Ma mère dit que je me suis laissée faire parce qu’au fond je voulais bien coucher avec mon violeur.

      Pour ce qui est de faire l’amour, des relations sexuelles dans les couples, je peux vous assurer que la tendresse n’existe pas dans les couples mahorais. L’amour ne peut exister dans notre société de paraître. Les gens sont dans le copier-coller. Un jour j’ai entendu un homme dire à sa femme : « Je ne vais pas t’offrir des fleurs parce que mon père n’a jamais offert des fleurs à ma mère. » Les hommes mahorais sont brutaux au lit. Il n’y a jamais de jeux érotiques, il te rentre dedans et dès qu’ils ont fini de jouir, ils se lèvent et partent. Ils ne sont jamais à l’écoute de leur partenaire. Ils ne cherchent jamais à savoir si la partenaire a pris plaisir ou pas. Certains demandent aux femmes de leur faire une caresse bucco-génitale. Mais dès qu’une femme demande la réciproque, ce dernier se met en colère en criant que c’est mal. Comme si seule la caresse venant de la femme était normale. Il y a plus des viols que des relations sexuelles consentantes. »

      Sittina est assistante sociale. Elle habite à Mamoudzou. « Lors de ma nuit de noces, des matrones m’ont appris les préliminaires amoureux. Et il faut savoir que cet apprentissage fait partie de nos traditions depuis toujours. La notion du plaisir a toujours existé dans nos sociétés. Elles m’ont fait comprendre, comme j’étais vierge, que j’allais sûrement avoir mal lorsque mon mari allait me déflorer. Elles m’ont explique que les premières fois que je ferais l’amour je ne sentirai que des douleurs. C’est après deux à trois rapports sexuelles que j’aurai du plaisir. Elles m’ont aussi appris qu’il y avait des positions pour faire l’amour et aussi qu’une femme ne doit pas demeurer immobile au lit, elle doit se déhancher, balancer son bassin pour qu’il y ait frottement du clitoris. Pour les matrones, la femme doit se faire belle, faire des bains intimes, s’embaumer de parfum à base d’encens, de muscade et de benjoin, c’est ce qu’on appelle uhereya, se farder de crème de bois de santal (msidzano), s’oindre d’huile aromatisante pour qu’elle soit désirée par son époux. Et enfin, elles m’ont dit de ne pas accepter que mon époux me fasse l’amour tout le temps. Il faudrait qu’ensemble nous fixions des jours pour faire l’amour. Parce que faire l’amour tout le temps avilit le sexe de la femme.»

      Lucie, quarante quatre ans, enseignante originaire de métropole nous livre ses impressions sur les rapports homme/femme dans la société mahoraise : « J’habite Mayotte depuis 4 ans et déjà je constate une évolution chez la femme mahoraise. Par exemple, de plus en plus de femmes apprennent à conduire, s’habillent à l’occidental[NDLR : occidental sous-entend moderne c’est-à-dire avec un habillement soit de luxe soit factice que la société industrielle, à travers ses innombrables usines, fait fabriquer à grande échelle ( fabrication en série) et fait vendre à travers le monde grâce à la dictature des publicités] , ont de moins en moins d’enfants … Celles-ci manifestent de plus en plus la volonté d’avoir non seulement une vie d’épouse et de mère mais également de « femme active ». En effet, la majorité des sociétés n’accordent aucun statut aux femmes qui ne travaillent pas. Toutefois, ces dernières ne peuvent trouver un équilibre qui si elles sont secondées dans leurs foyers.

      J’entends souvent dire que les jeunes mahoraises qui partent en métropole étudier ne trouvent pas de maris mahorais à leur retour, que ces derniers les rejettent car elles font preuve, à leurs yeux, de trop d’émancipation, voir d’insoumission. Mais ces femmes ont-elles envie de partager leur vie avec des hommes qui, sous couvert de tradition et de religion, n’ont nullement le désir d’évoluer eux-mêmes, leur situation actuelle à la maison étant plus que confortable ? J’ai du mal à comprendre les parents –et surtout les mères- qui envoient leurs filles étudier en Hexagone et s’étonnent de retrouver leurs enfants métamorphosés et refusant certaines traditions pouvant leur paraître désormais « archaïques ». A quoi bon découvrir la différence si ce n’est pour en ressortir soi-même transformé ? A quoi bon étudier et apprendre si ce n’est pour en ressortir grandi, fort d’une expérience décisive pour l’avenir ?

      J’ai le sentiment qu’aujourd’hui se crée un déséquilibre entre les mentalités des unes qui envisagent leur vie dorénavant de façon dynamique, et la mentalité des uns dont le seul mot d’ordre semble être « immobilisme toujours ! ». L’occident a connu ce déséquilibre qui, malheureusement subsiste encore, même si à moindre échelle. Toutefois, on peut espérer que le mode de vie et de pensée des jeunes femme mahoraises étant en pleine évolution, celles-ci sauront transmettre à leurs enfants, garçons comme filles, une éducation tendant vers une plus grande égalité des sexes … »

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      Article : Mayotte un département mort-né ?
      News
      1
      31 mars 2011

      Mayotte un département mort-né ?

      Jeudi 31 mars. Date à laquelle Mayotte devient officiellement le 101ème département français, 5ème département d’outre-mer français. Au Conseil Général, dans l’hémicycle Younoussa Bamana, les conseillers généraux se sont réunis pour désigner l’élu qui présidera dans les 3 ans à venir le nouveau département. Le président du Conseil Général sortant, Ahmed Attoumani Douchina de l’UMP, fait une annonce fracassante. « Le vote du président du Conseil Général a été reportée au dimanche 3 mars, faute de quorum». En effet, les élus de l’UMP et du Nouveau centre ont été absents de l’hémicycle.

      Daniel Zaïdani
      Daniel Zaïdani

      Néanmoins, le cartel ou l’alliance des partis progressistes composée des partis NEMA de Saïd Omar Oili et Sarah Mouhoussouni Boudra, du PS de Ibrahim Aboubacar, du PSM de Saïd Ahmadi Raos et du MDM de Daniel Zaïdani, tout en dénonçant des menées orchestrées depuis Paris, a désigné à main levée le nouveau président du Conseil Général en la personne de Daniel Zaïdani, poulain du sénateur Adrien GIRAUD, dont l’élection au poste de conseiller général de Pamandzi est contestée par le conseiller général sortant Fadul Ahmed Fadul de l’UMP . « L’UMP cherche à gagner du temps. Et c’est vrai 48 heures c’est beaucoup pour rallier quelqu’un à sa cause. » nous a appris Bacar Ali Boto de l’Alliance.

      De fil en aiguille, toutes les manifestations qui étaient prévues pour célébrer la départementalisation ont été annulées. La secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, Marie-louise Penchard, a annulé son voyage à Mayotte depuis l’île de la Réunion. Et les bus scolaires affrétés par le Conseil Général n’ont pas été envoyés récupérer les participants à la fête du parvis du Comité du Tourisme, sachant que les écoles ont été fermées juste pour que les bus soient disponibles. Et le préfet de Mayotte, Hubert Derache, n’a pas été présent à la séance du Conseil Général.

       

      Le vote du Président du Conseil Général du dimanche est attendu avec impatience par les Mahorais. République bananière ou pas, à Mayotte le parti présidentiel UMP est désormais désigné à la vindicte publique.

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      Article : Plus de visa pour les Comoriens désirant se rendre en France
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      30 mars 2011

      Plus de visa pour les Comoriens désirant se rendre en France

      Rencontre d'autorités comoriennes et françaises à Paris / Source : www.stephanetroussel.fr
      Rencontre d’autorités comoriennes et françaises à Paris / Source : www.stephanetroussel.fr

      La décision est tombée ce dimanche 27 mars. L’ambassade de France à Moroni déclare à travers un communiqué qu’elle va désormais « étendre, dès le lundi 28 mars, la suspension de la délivrance de visas pour le territoire français à tous les types de passeports, sans préjudice d’autres mesures qui pourraient être prises dans les prochains jours ». La restriction des visas français a été jusqu’à ce jour limitée qu’aux seules autorités comoriennes. D’ailleurs, le Président de l’Union des Comores Ahmed Abdallah Sambi avait essuyé un refus de visa lorsqu’il voulait se rendre sur l’île de la Réunion, le 18 mars dernier.

      En effet, c’est une note de service émise par le ministère comorienne de la défense qui est à l’origine de la guerre diplomatique « une pièce d’identité est exigée à tout passager empruntant un avion ou un bateau à l’entrée comme à la sortie des postes frontaliers des Comores pour des raisons de sécurité ». Et depuis, les sans-papiers français expulsés de Mayotte ne sont plus autorisés à fouler le sol comorien, faute d’avoir présenté une pièce d’identité valide. L’ambassade de France à Moroni et la Préfecture de Mayotte ont répondu par des mesures de rétorsion en refusant d’accorder des titres de séjour à tous les Comoriens désirant se rendre ou s’établir sur le territoire français.

      Des pourparlers ont été engagés mais sont à ce jour au point mort. « Depuis plusieurs jours, l’ambassade de France aux Comores a multiplié les entretiens et les réunions de travail avec les autorités comoriennes, jusqu’au plus haut niveau de l’Etat. Des propositions concrètes ont été faites par la partie française pour répondre aux préoccupations exprimées par la partie comorienne, tant en ce qui concerne les questions de sécurité et de contrôle des flux migratoires, que s’agissant des questions humanitaires. Un projet d’accord comportant des dispositions concrètes et rapides a été finalisé samedi 26 mars. Ce projet devait être signé le 27 mars. Malheureusement, le gouvernement comorien a, une fois encore, préféré reporter cette signature et remettre ainsi en question le résultat de ces discussions constructives. L’ambassade de France exprime sa vive préoccupation face à ce revirement, qui semble témoigner que sa volonté de trouver rapidement un compromis satisfaisant pour les deux parties n’est pas partagée ». Les autorités comoriennes considèrent de leur côté « les propositions de la France insuffisantes » et « regrette[ent] que les Comores soient sanctionnées parce qu’elles ont appliqué le droit international, cela en protégeant ses ressortissants et en luttant contre la piraterie dans la région »

      A Mayotte, le Préfet Hubert Derache a affirmé au cours d’une conférence de presse que les policiers « continuent à faire des interpellations. En dix jours, on a fait 31 kwassa (embarcations de fortune). On fait signer [aux personnes interpellées] leur APRS (arrêté préfectoral de reconduite à la frontière) et on rentre leurs empreintes digitales dans notre base de données avant de les relâcher dans la nature. Le jour où on les arrêtera, on a déjà tous les éléments ».

      La France a été le seul pays à avoir dénoncé les fraudes massives et les nombreuses atteintes aux Droits de l’Homme qui ont eu lieu lors des dernières élections présidentielles aux Comores. Et le Président Ahmed Abdallah Sambi soupçonne les diplomates de l’ambassade de France à Moroni d’être derrière les journalistes qui le rappellent à l’ordre en lui « sollicitant » de quitter le pouvoir sans délai puisque son mandat a expiré depuis plusieurs années.

      Qui dit histrion dit politique, le narcissique et théoricien du complot Ahmed Abdallah Sambi aime bien offrir du spectacle à son peuple. Encore un (énième) quiproquo qui va lui permettre de s’éterniser au pouvoir.

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      Article : La bibliothèque de Pamandzi en fête
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      29 mars 2011

      La bibliothèque de Pamandzi en fête

      pamandzi
      pamandzi

      A l’occasion du Printemps des Poètes et de la Semaine de la Langue Française, la bibliothèque municipale de Pamandzi en collaboration avec le PIJ a réuni les enfants de la Petite-Terre et leurs parents à travers une journée culturelle, festive, conviviale et ludique. De 9 heures 30 à 20 heures, en ce samedi 26 mars, les enfants ont appris à écrire des poèmes, à faire du théâtre et aussi à peindre. Les artistes qui ont animé les ateliers pluridisciplinaires sont le poète Naouirou Issoufali, le comédien Madjid, la peintre Gwenaëlle Maandhui, les slameurs Hakim et Rafion, les comédiens des Cie Le Chemin de la Balle et des Enfants de Mabawa et enfin les agents du CEMEA , du PIJ de Pamandzi et du CCLEJ de Pamandzi.

      « C’est pour qu’il y ait un vrai dialogue intergénérationnel que nous avons organisé cette manifestation culturelle. Les enfants sont venus en nombre et les parents les ont soutenus dans leur ouvrage . Et je peux vous assurer que les créations de ces petits artistes en herbe ont étonné tout le monde, mêmes les artistes en puissance qui ont dirigé les ateliers ont été surpris. » confie Faïssoili Maliki, directeur de la bibliothèque municipale de Pamandzi.

      Pour le poète Naouirou Issoufali « La bibliothèque de Pamandzi a organisé une journée mémorable où toutes les générations ont pu se côtoyer grâce aux différents arts proposés »

      Et pour Soraya Daiber, la présentatrice de la journée « les festivités organisées par la bibliothèque de Pamandzi se sont dans l’ensemble très bien déroulées. De nombreux enfants étaient présents pour participer aux différents ateliers mis en place par l’organisation. Ils ont pu pour la plupart partager leur travail au fil d’un concours d’écriture qui à mis en lumière de jeunes talents mais qui a aussi suscité le vif intérêt du petit groupe de parents présent. « 

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      21. mars
      2011
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      Un Message d’un jeune maorais à l’endroit de Maandhui Yazidou

      Nos seuls risala (messages), ô Comoriens !

      Nous avons voulu à travers la marche du mercredi 23 février 2011 à Mamoudzou, tirer la sonnette d’alarme, démontrer le populisme irresponsable et mensonger de la diplomatie du gouvernement Comorien, rappeler à l’Etat français ses devoirs démocratiques, pour que nos jeunes d’Anjouan, de Mohéli et de Grande Comore, ceux qui subissent la houle meurtrière et la voracité des squales, n’aient plus à mourir pour se rendre chez nous, un peu chez eux et beaucoup aux Comores, à cause d’un visa Balladur, un homme dont ignore, la naissance le lieu et le lien.

      Foumbouni à la Grande-comore
      Foumbouni à la Grande-comore

      La France des droits de l’Homme ne peut-elle pas être celle des droits de tous les hommes, Comoriens fussent-ils ?

      C’était le sens de notre Marche !
      Nous ne revendiquions ni l’indépendance ni le rattachement à Moroni.

      Nous exigeons que la démocratie à Mayotte soit aussi respectée par les maîtres des lieux, car nous ne sommes pas enclins aux émeutes et encore moins à la chasse à l’homme, Yazidou !

      Nous sommes français de quelque manière et nous voulons que notre parcelle de France soit aussi respectueuse de la liberté, de la fraternité et de l’égalité. Une devise faite de mots, diriez-vous, vu votre réaction, mais pour certains porteurs de sens.

      Comme les Comoriens obtiennent des visas pour aller à Paris, ils doivent les avoir pour venir à Mamoudzou. Point barre !
      Et un Comorien comme un Tunisien, un Egyptien, un Afghan, un Irakien a le droit de sauver sa peau, si les systèmes qui leur sont proposés sont iniques, injustes et corrompus.

      Nous aussi, à Mayotte, nous désertons Maore Yatrou pour les allocations de Saint Denis de -La Réunion, de Sarcelles, de Marseille et de Paris. La survie.

      Nos seuls conseils viennent de la Terre. Simples, ils sont. Naturels avant d’être historiques car on sait que l’Histoire est écrite par les vainqueurs. Et nos îles sont le ferment de cette langue, de cette culture, de cette religion, de cette couleur et de cet imaginaire djinnique que nous imposons au Monde, de Fomboni à Dembeni. C’est notre impondérable, notre axis mundi. L’identité comorienne.
      La nationalité, l’histoire en cours ? Des billevesées qui ne doivent pas obérer notre humanité !
      Nous étions donc quelques humanistes à marcher, pacifiquement et dignement.

      Yazidou, nos sourates et non les épîtres ont cristallisé nos croyances, notre Etant et cimenté notre appartenance à une civilisation-même s’il y a à dire- afro musulman. Elle se situe en dehors de l’histoire coloniale, qui est pour souvent, le lieu de dispute entre ceux qui pensent le pouvoir en mains et ceux qui subissent ce pouvoir pris. Inscrite dans une telle altérité que le parchemin qui la contient peut devenir palimpseste sans teneur.

      Jusqu’ici l’histoire est écrite par ceux qui diffusent ; et ceux qui lisent, lorsqu’ils ne se sentent pas bien représentés par ce qui les concerne, ils se lèvent, se soulèvent et disent, nous savons écrire, nous savons lire, nous savons dire ce qui nous concerne, mais nous observons la pudeur contrainte de n’avoir encore les outils pour choisir entre la peste coloniale et le choléra dictatorial. Et c’est ça l’histoire, telle qu’elle se fait chez nous.

      A Mayotte nous sommes dans une histoire qui s’écrit comme en Martinique, en Guadeloupe et dans n’importe quelle colonie française aux heures sombres de l’humanité noire. Ici nous sommes aux temps obscurs que ces peuples ont déjà dépassés au mitan des choix discutés.
      Le reste n’est que rapport de force. Nous sommes ici sans des Césaire, sans des Chamoiseau, sans des Walcott ni des Glissant. Mais avec des comme vous qui élèvent des récifs dans la mer, pour nous ramener à des Gobineau et des Ferry, civilisateurs coûte que coûte, que des mers et des océans séparent de nos cases.

      Yazidou, nous sommes des colonisés ! Mais nous cheminons ensemble tout en sachant pourquoi. Que nous l’ayons choisi ou non, nous n’avons pas notre destin en mains !
      Nous sommes sur la route de l’histoire sans connaître la fin d’un voyage commun.

      Nous sommes des Comoriens mais nous hésitons entre la colonisation rondement matérialisée et faussement paternaliste et le caillou natif qui, aux saisons de pluie, laisse nos mômes les pieds dans la gadoue ! Nous sommes tristes à entendre, tristes à voir, tristes à nous aimer même aux confins de nous-mêmes, car nous ne dormons point sur nos deux oreilles. A cause de l’histoire qui fracasse à l’aube, les Banga en soupçon et nous réveille en sueur !

      Schizophrène devant l’éternel, nos maîtres et, devant l’histoire, nous vivons dans un asile à ciel ouvert. Pourquoi ? Parce que la misère et vous l’avez dit, nous fait peur. Cette misère que l’on imagine dans les autres îles et que l’on ne sait même pas analyser, qui s’impose abrupte, à Poroani, Hajangoua et dans la creuse où je vécus, les banlieues parisiennes qu’on entend parler à Télé Mayotte ; puis vous dites nous avons choisi la liberté. La liberté est un absolu qui peut être un choix ou un contre choix. Ici nous sommes dans le non choix.

      Un politicien de chez nous a assumé en disant (il est encore actif en politique), nous avons choisi la France pour avoir de l’argent. Mes collègues wazungu le pensent, la préf. le sait, le conseil général le perpétue dans sa mauvaise gestion, les hommes politiques indigènes le clament…Mais cela n’engage qu’eux et vous.

      Nous n’avons pas choisi une liberté qui nous met au crible des critiques de l’autre, omnipotent même sans compétence, sans qualités, mais Mzungu, aussi moindre soit-il, détenteur des lois, missi dominici d’une superpuissance en démonstration, pour des intérêts que nous ne lui disputons même pas, mais qui pour s’imposer doit montrer ses muscles, car on ne se sait jamais…

      Mais l’Histoire, la vraie, celle des Hommes est en marche….

      Et lorsque Brel chante au suivant, il fustige la force des lois écrites qui embrigade des jeunes hommes dans les casernes et qui nus dans leurs serviettes, revendiquaient leurs personnalités uniques, plutôt qu’une file indienne de culs blancs et de bleues bites alignés, pour une inspection d’un colonel gueulard, symbole de l’histoire des maîtres…Une nation nommée…Et qu’il condamnait. Mouton de Panurge, Brel ? Non ! Ironie rebelle d’un homme avisé ; votre ironie du suivant est une course désespérée à contre courant de l’histoire.

      Mayotte fait-elle partie de la nation française aujourd’hui comme le Sénégal, les Comores,
      L’Indochine, Pondichéry, la Tunisie, la guinée, le Dahomey, il y a plus de 100 ans ? Oui ! Comme il y a belle lurette, Mayotte est une entité coloniale.
      Je n’en tire aucune fierté en tant que français d’outre mer et encore moins aucune honte ; sauf que, lorsqu’au nom de la France, je deviens dépositaire de milliers de victimes innocents, des enfants, des femmes et des vieillards brûlés dans leurs cases sur leur île Comorienne, ces êtres qui ne seraient que le fruit d’un fantasme appelé Comores, Yazidou, je me demande sincèrement si vous ne seriez pas un extraterrestre comme tant d’autres à Mayotte ?

      Au suivant…Entre la Tunisie, l’Egypte, la Libye, Bahreïn…. ?
      Et alors… Alors, comme dit Saint John Perse, « si un homme vient à manquer à son image de vivant qu’on le tienne de force la tête face au vent »…Le vent de l’Histoire.

      M .A. Bacar Kaïm

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      Article : Interview avec Saïd Omar Oili, Président du parti NEMA
      Politique
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      10 mars 2011

      Interview avec Saïd Omar Oili, Président du parti NEMA

      Saïd Omar Oili . Source : www.typomag.net
      Saïd Omar Oili . Source : www.typomag.net

      Saïd Omar Oili, président du parti Nouvel Elan pour Mayotte (NEMA), est conseiller général de Dzaoudzi-Labattoir. Il a présidé, de 2004 à 2008, le Conseil Général de Mayotte. Suite à la grève générale qui a eu lieu du 20 janvier au 4 mars 2009 en France ultramarine, en particulier en Guadeloupe où elle a été amorcée par le Liyannaj Kont Pwofitasyon (LKP), le gouvernement français à travers son secrétariat d’Etat à l’Outre-mer avait mis en place les états généraux d’outre-mer. Saïd Omar Oili a été à la tête de l’atelier local des états généraux consacré à l’insertion de Mayotte dans son environnement régional. Interview.

      No man’s land : Monsieur le Président, les états généraux de l’outre-mer qu’est-ce que c’est ?

      Saïd Omar Oili : Les états généraux d’outre-mer ont été mis en place par le Président de la République, Monsieur Nicolas Sarkozy, suite aux événements des Antilles françaises, notamment en Guadeloupe : les Ultramarins étaient descendus dans les rues pour demander que l’égalité républicaine soit réelle. Les états généraux ont été une réponse aux nombreuses difficultés que rencontrent les Français d’outre-mer. Les Ultramarins subissent la vie chère étant donné qu’ils n’ont que leur salaire pour survivre.

      C’est à partir des mouvements de contestations contre la vie chère que le Président Nicolas Sarkozy a mis en place dans chaque territoire français d’outre-mer des ateliers locaux. Et moi j’avais en charge l’atelier relatif à l’insertion de Mayotte dans son environnement régional.

      No man’s land : Et quels sont les résultats de l’atelier que vous avez présidé ?

      Saïd Omar Oili : Plusieurs réunions ont eu lieu à Mayotte. Et des propositions ont été faites. Parmi les actions à mettre en place rapidement, on peut citer :

      • Le désenclavement numérique de Mayotte par le développement et la vulgarisation des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIIC). Si aujourd’hui les Mahorais se sentent complètement enclavés, c’est parce que les moyens de communication ne sont pas vraiment développés. Il y a une époque, nous arrivions à capter certaines stations de radio de la zone, notamment des stations de radio du Mozambique, de Madagascar, de Zanzibar, etc. Force est de constater que toutes ces stations de radio de la région ont disparu de nos postes.
      • La création d’une zone d’activités régionale qui passera impérativement par une libre circulation des biens et des personnes et une acceptation de Mayotte par toutes les organisations régionales telles que la SADC (Communauté pour le Développement de l’Afrique Australe), la COI (Commission de l’Océan Indien), le COMESA (Marché commun d’Afrique Orientale et Australe), etc. L’intégration économique régionale est indispensable car plus des pays voisins sont unis économiquement plus ils sont forts.
      • L’entrepreneur mahorais qui aimerait investir à Madagascar ou aux Comores indépendantes veut être assuré par les autorités des ces pays-là que son investissement sera en sûreté. Ça doit être aussi le cas à Mayotte, l’Etat français doit procéder à une politique d’ouverture, c’est-à-dire permettre aux investisseurs de la région de venir investir à Mayotte en assouplissant le visa d’entrée.

      Malheureusement, force est de constater que la montagne a accouché d’une souris. On nous a occupés pendant plusieurs mois à faire des propositions qui sont restées jusqu’à ce jour lettre morte. La coopération régionale est bloquée parce qu’il y a tellement de politique politicienne …On reproche souvent aux élus Mahorais de ne jamais faire de propositions de projets, et quand ils font des propositions, l’Etat n’accorde pas de suivi.

      No man’s land : Mayotte a participé aux derniers jeux des Îles de la COI en tant que membre à part entière. D’a près vous est-ce une avancée dans ce combat que vous êtes en train de mener pour intégrer Mayotte dans son environnement régional ?

      Saïd Omar Oili : Le sport peut être le vecteur principal dans la compréhension et la connaissance de nos jeunes de cette région et c’est une bonne chose.
      Donc pour la coopération régionale je dirais que c’est un bon début.
      Que Mayotte participe en tant que telle c’est bien.

      No man’s land : Il se dit que c’est grâce à l’accord de l’Etat comorien que la convention régissant la COI a été bravée et permis alors à la France de présenter deux délégations à savoir une délégation mahoraise et une délégation réunionnaise. Est-ce exact ?

      Saïd Omar Oili : Je ne suis pas au courant.

      No man’s land : Monsieur le Président, si vous nous parliez de la coopération régionale entre Mayotte et les Comores indépendantes …

      Saïd Omar Oili : On a mis en place le GTHN (Groupe de Travail de Haut Niveau) pour que les gens discutent de la coopération régionale. Malheureusement, force est de constater que les discussions sont au point mort. Au point mort puisque les gens ne se parlent plus et sont en train de se regarder en chiens de faïence. Et moi je trouve cela dommage. Aberrant. Parce qu’il faut vraiment réactiver les discussions pour que nous puissions trouver des solutions pérennes aux difficultés de la région.

      Considérons que nous appartenons à une famille où un des frères a épousé la France. Bien sûr tant qu’on ne respectera pas les choix des uns et des autres, il y aura toujours des blocages. Donc il faudrait dépasser ces blocages et apporter des solutions à nos populations qui souffrent. Il ne faut pas croire qu’il n’y a qu’à la Grande-comore, à Anjouan et à Mohéli où les gens sont endeuillés quand il y a des naufrages de kwassa-kwassa. Nous aussi nous avons de la famille là-bas et sommes endeuillés quand il y a des morts. Il ne faut pas se voiler la face. Donc jusqu’à quand allons-nous continuer à se regarder en chiens de faïence et laisser nos populations souffrir ? Il faut s’asseoir enfin autour d’une même table et ensemble trouver enfin des solutions pérennes à nos difficultés. Moi personnellement je ne crois pas à un développement dans l’archipel sans une stabilité de nos relations.

      La Chine intervient énormément aux Comores indépendantes. Les pays du Golfe, dont le Qatar, les Emirats Arabes Unis… aident énormément les Comores indépendantes. Je crois que les Comores n’ont pas besoin de l’aval de la France pour aller coopérer avec la Chine et les pays du Golfe. Mayotte non plus. Au nom d’une économie mondiale, Mayotte et les Comores indépendantes doivent fédérer les énergies, doivent monter des projets communs, des projets fédérateurs pour qu’ensemble nous puissions bénéficier de cette coopération avec la Chine et les pays du Moyen-Orient. Il faut ouvrir aussi Mayotte à cette coopération, parce que Mayotte aussi est dans une pauvreté incroyable. Il ne faut pas se mentir.

      La réalité de la guerre froide n’existe plus. Le temps d’un monde bipolaire est révolu. Maintenant, nous sommes dans la globalisation, dans la mondialisation. Et Mayotte fait partie de cette globalisation, de cette mondialisation. Mayotte ne peut pas vivre à jamais en vase clos. Mayotte ne peut pas ignorer la région. Mayotte ne peut pas continuer à ignorer ce qui se passe chez ses voisins. C’est ensemble que nous pourrions trouver des solutions. En essayant de nous balkaniser, en s’enfermant aux autres, nous allons finir étouffés.

      Il faut trouver des solutions pour qu’enfin nous atténuions cette méfiance entre nous. Parfois je me demande d’où vient cette méfiance, cette suspicion dans la mesure où nous avons la même culture, la même religion, les mêmes origines. Cette peur de l’autre en conscience ne doit pas exister. Bien au contraire.

      Mayotte doit aussi bénéficier des retombées économiques des pays qui investissent aux Comores. Néanmoins, il faut d’abord que ces investissements arrivent à stabiliser les populations comoriennes aux Comores. On peut citer l’exemple du quotidien AlBald Mayotte (filiale du Groupe international Awi Company). C’est grâce aux Comores indépendantes, que le journal a pu s’implanter à Mayotte. A vrai dire, l’investissement se trouve aux Comores et à Mayotte les gens bénéficient de cet investissement qui est à l’origine de la création de nombreux emplois. Et c’est dans ce sens qu’il faut y aller. Il faut que les investissements soient profitables à toutes les îles de l’archipel voire de la région.

      Sur le plan touristique, il serait mieux que toutes les îles de l’archipel des Comores créent un centre d’accueil commun de touristes. Pour que le touriste qui vient visiter Mayotte ou les Comores indépendantes ait la chance de découvrir toutes les faunes et les flores de tout l’archipel. A la Grande-comore, il y a le Karthala qui est le plus grand cratère du monde, à Anjouan il y a les arbres fruitiers, à Mohéli il y a les belles plages, à Mayotte il y le lagon. Et pour ce qui est de l’agriculture, il faut créer un marché commun pour que chaque île puisse importer et exporter des produits dans la région.

      On peut aussi échanger le savoir-faire (know-how). Là-bas aux Comores indépendantes, il y a des gens qui sont bien formés sur le plan professionnel. A Mayotte peut-être avons-nous aussi des gens qui ont de l’expérience. Alors pourquoi ne pas échanger le savoir-faire. Et assurément ça nous coûterait moins cher puisque nous ferons dans ce sens des économies d’échelle. Pourquoi au lieu d’aller chercher un expert en France, ne pas demander les services d’un expert comorien qui connaît la réalité locale. Pour promouvoir le développement de Mayotte et des Comores indépendantes, il faut faire une vraie coopération régionale. C’est un faux problème le fait de dire que c’est à cause des autres que nous n’arrivons pas à avancer. A force de stigmatiser l’autre, nous oublions d’apporter des solutions à nos problèmes. C’est seulement ensemble que nous pourrons apporter des solutions pérennes à la région.

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      Article : Une lettre de Karis Muller à Saïd Ahmadi Raos , politicien mahorais
      News
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      9 mars 2011

      Une lettre de Karis Muller à Saïd Ahmadi Raos , politicien mahorais

      Marche à la mémoire des victimes en mer/© MIB
      Marche à la mémoire des victimes en mer/© MIB

      Monsieur le President,

      Je suis associée au Centre d’Etudes européennes à l’Université nationale australienne, Canberra. Je termine un article sur Mayotte en tant que membre d’une équipe universitaire internationale basée à Copenhague. Nous travaillons chacun sur un « Outre-mer ». Après un an de recherches sur votre ile il me reste quelques lacunes ou questions, des contradictions apparentes aussi, qui me rendent perplexes. C’est pourquoi je vous serai bien reconnaissante si vous pouviez corriger mes erreurs éventuelles de perception ou de fait, svp. Il va sans dire que je vous remercierai officiellement dans mon texte si vous pouvez éclairer ma lanterne un peu.

      Voici ce qui me tracasse encore.

      1.Des Mahorais disent ne pas avoir été au courant des changements à venir après avril 2011/la Rupéisation. Pourtant le Préfet leur a écrit, (traduit en 3 langues), et il a tenu des réunions aussi, pour leur expliquer les enjeux… ?

      2.Selon la police des frontières, un visa pour visiter Mayotte coûte très peu, est disponible à Anjouan maintenant, à Grande Comores aussi. Ainsi les Comoriens (sauf p.e. à Mohéli ?) n’ont pas besoin de payer une place de kwassa kwassa. Je voudrais donc savoir svp : ceux que veulent visiter Mayotte, pas y vivre, prennent-ils le ferry ? Car il me semble que le ferry coute env. € 80 aller-simple, env. 150€ aller-retour ? Tandis que le kwassa coute 150€ ou plus, aller simple. Conclusion, si je comprends bien : seul les immigrés potentiels (‘clandestins’) prennent le kwassa ? Sauf que s’il y a beaucoup de difficultés à prouver par ex. qu’une dame veut assister à un mariage familial, etc. ? Il est difficile de prouver qu’on n’est pas un immigré illégal potentiel ? dans ce cas, ne pouvant pas se déplacer légalement elle a recours au kwassa ?

      3.J’ai lu des histoires selon lesquelles souvent un Mahorais est expulsé parce qu’il n’a pas ses papiers sur lui (pour ne pas parler de ceux, âgés, qui n’ont pas de papiers.) Mais la Police dit que jamais une personne n’est déportée sans qu’elle ait le temps d’aller chercher ses papiers… ?

      4.Vu que le registre civil est défectueux, il y a beaucoup de Mahorais sans papiers, expulsés ; ces personnes peuvent-ils demander ensuite la compensation, car ils doivent ensuite payer le voyage de retour ? Et quid pour les dédommager, le stress causé etc. … car cela doit être illégal ?

      5.Pourquoi cette absence de structures d’accueil à Anjouan pour assister les gens expulsés, (ce sont quelquefois des Mahorais) ? D’accord les Comores ne veulent rien faire parce que la frontière est illégale selon eux ; mais l’UE ? Les ONG ? Les groupes religieux ?

      6.Les Comores dénoncent le colonialisme, mais dans ce cas pourquoi rester dans la zone euro ? Et, vu qu’ils sont dans la zone euro indirectement, comment se fait-il que les Comores soient si pauvres ? Car la raison pour laquelle les pays des 2 zones CFA y restent, au lieu de militer pour l’afro continental, c’est bien parce qu’une monnaie stable aiderait leur économie…

      7.Les Français répètent que les Mahorais ne veulent pas réintégrer les Comores en partie parce que leur niveau de vie est entre 8 et 10 fois supérieur à celui des Comores. Je trouve cet argument faux ; les ‘clandestins ‘ doivent subir un rude choc, car d’une part le taux d’échange ne veut rien dire. D’autre part, le pouvoir d’achat n’est pas comparable. Je lis que les pauvres d’Anjouan vivent de 75 cents env. par jour, mais les touristes n’y voient pas des gens en train de mourir de faim. Au contraire leurs récits de voyage parlent de gens souriants etc. Tandis qu’à Mayotte les prix sont au moins 30% plus élevés qu’en Metropole, ainsi une type ayant par ex. 1 € par jour à Mayotte mourrait vite. Donc ils sont pauvres aussi, autant qu’à Anjouan etc. D’ailleurs les touristes disent que les Anjouanais, sans eau courante ni électricité etc., sont plus heureux que les Mahorais.

      8.Pourtant, si cela était vrai, pourquoi tous ces candidats à la traversée vers Mayotte ? Parce qu’ils pensent que Mayotte c’est l’Eldorado ? Mais une fois un boulot décroché, ils y gagnent très peu, et vu les prix élevés, doivent vivre très chichement ? Dans ce cas, pourquoi ne disent-ils pas à leurs compatriotes, ne risquez pas ce voyage dangereux, cela ne vaut pas la peine ?

      9.Les clandestins vivent dans des taudis, tous ensemble. Il me semble que la police ne fait pas de descente toutes les nuits pour les dénicher et les expulser ? Puisque tous savent où ils sont, et la population se plaint de ce que la police ne fait rien, ils n’ont qu’à bien faire leurs razzias pour satisfaire aux attentes des Mahorais ? Il y a donc collusion ?

      Je vous remercie de votre aide, M le President, et vous prie d’excuser mon ignorance. Vous etes le premier politicien de Mayotte qui ne parle pas la langue de bois. Veuillez agréer, Monsieur le President, ma gratitude sincère,

      Karis Muller, chercheuse.

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      Auteur·e

      L'auteur: Adjimaël HALIDI
      a collaboré au magazine économique mahorais Horizon Austral , à l’hebdomadaire Mayotte Avance , au quotidien La Gazette des Comores et à l'Agence de presse HZK-Presse.

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