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    Regarder l’archipel des Comores autrement
      Article : Interview avec Soilihi Mahamoud, procureur de la République
      Société
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      27 août 2011

      Interview avec Soilihi Mahamoud, procureur de la République

      Pas d’aménagement de territoire sans une réglementation foncière

      Soilihi Mahamoud est magistrat de profession. Anciennement à la tête du ministère de la culture, de la jeunesse et des sports, il est aujourd’hui Procureur de la République. Il nous parle à travers cette interview de l’insécurité dans les exploitations agricoles et des problèmes liés au foncier aux Comores.

      Procureur Soilihi Mahamoud
      Procureur Soilihi Mahamoud

      No Man’s Land : Nombreux sont les agriculteurs qui se plaignent de l’insécurité dans leurs exploitations. Qu’avez-vous à dire par rapport à ces plaintes ?

      Soilihi Mahamoud : L’insécurité dans les exploitations agricoles a toujours existé dans notre pays. Aucune génération d’agriculteurs n’a été à l’abri des maraudeurs, encore moins des animaux laissés en divagation. Toutefois, pour le bien-être de toute la société, plus de la moitié de notre population est paysanne, vit exclusivement grâce à l’agriculture et à l’élevage, il nécessite une application rigoureuse des lois, afin de mettre un terme à cette injustice. Il est temps que nos gouvernants fassent preuve d’éthique et de justice sociale, étant donné que tout Etat a pour devoir de protéger tous les hommes, ainsi que leurs biens. Dans beaucoup de localités de notre pays, ce sont les chefs de village qui essayent de remédier, d’une manière informelle, puisque cela ne relève pas de leurs compétences, les problèmes liés à l’insécurité dans les exploitations agricoles. On ne peut les condamner, en raison de la vacance de pouvoir que connaissent beaucoup de nos localités.
      En somme, il est temps que nos gouvernants augmentent l’effectif des policiers et gendarmes, afin que ces derniers puissent faire respecter l’ordre sur tout le territoire, en ordonnant que les animaux soient tenus en laisse, en empêchant les maraudeurs de sévir. Et pour que ces derniers travaillent convenablement, il ne faut plus qu’ils soient payés au rabais.

      No Man’s Land: Y-a-t-il des dispositions dans le code pénal qui punissent les maraudeurs et les personnes qui laissent leurs animaux divaguer ?

      S.M. : Naturellement, il y a des textes, à l’instar de l’article 368 du code pénal, qui punit le vol de produits agricoles. Néanmoins, c’est surtout le vol de produits de rente qui est sévèrement puni par la loi, sûrement pour ce qu’ils représentent en valeur économique. Pour ce qui concerne la divagation d’animal, l’article 423 du code pénal interdit à tout exploitant agricole victime de dégât causé par un animal en divagation de mutiler ou d’abattre l’animal, surtout si cet animal a été attrapé en-dehors de la propriété. Si l’animal a été surpris dans la propriété de la victime, la loi est tolérante quand ce dernier ne s’est pas approprié de la viande de l’animal abattu. Néanmoins, moi j’entends par dégâts la dévastation totale d’un terrain par un animal, non pas deux pousses d’arachides ou de maniocs arrachées ou broutées par un animal. Toutefois, libre à chaque juge d’avoir sa propre appréciation des faits. Toute personne laissant son animal en divagation, en cas de dégât causé par l’animal, reçoit deux types de sanctions : une sanction publique, en raison du fait qu’il a laissé son animal divaguer, et une sanction pénale, en raison du préjudice causée par l’animal.

      No Man’s Land : Après nous avoir parlé de l’insécurité dans les champs, si vous nous parliez aussi des problèmes liés au foncier ?

      S.M. : Pour développer un territoire, il faut d’abord l’aménager. Et il ne saurait y avoir d’aménagement de territoire sans une réglementation foncière. Au jour d’aujourd’hui aux Comores, l’Etat est propriétaire de si peu de terrains. Il ne peut pas entreprendre des constructions d’intérêt public, notamment des infrastructures administratives, hospitalières, scolaires, sportives ou éducatives. Pendant l’Autonomie Interne, à l’époque coloniale, des particuliers se sont appropriés certains terrains délaissés par les colons ; et à l’Indépendance, des particuliers et des communautés villageoises se sont appropriés des terrains domaniaux, notamment ceux de la Société Bambao. Pourtant c’étaient des terrains qui revenaient de droit à l’Etat. C’était l’Etat qui devait exproprier les terrains aux sociétés coloniales. D’ailleurs, juridiquement, tous les terrains domaniaux appartiennent toujours aux colons, puisqu’aucun acte ne stipule que l’Etat les a expropriés, parce qu’il est le seul en droit de le faire. Il est temps que l’Etat mette fin à cette injustice. Mais aucun gouvernant n’oserait réclamer ces terrains, par peur de n’être élu en cas d’élections. Ici tout est politisé, personne ne voit l’intérêt public, seul l’intérêt individuel prime.
      En vrai, les textes régissant le foncier aux Comores datent de l’époque coloniale, surtout de 1926-1928. Ils ne sont pas adaptés aux réalités actuelles du pays. Ils doivent être revus, pour l’intérêt de tous.
      Le foncier est au cœur de nombreux conflits familiaux et villageois aux Comores. Il y représente un problème très grave. De nos jours, à défaut de titre foncier fiable, un champ peut être vendu à plusieurs reprises, par différentes personnes. Peu de propriétaires ont immatriculé leurs terrains, beaucoup se contentent du droit musulman et du droit coutumier, au lieu de se rendre au service des domaines où ils acquerront des documents fiables de propriété, à l’instar d’un titre foncier, d’un acte administratif ou d’une décision de justice. Malheureusement, des gens sont devenus propriétaires de terrain qui ne leur appartenaient pas légalement, puisque toute personne qui a occupée paisiblement un terrain pendant une trentaine d’année, le terrain lui revient de droit : c’est ce qu’on appelle l’acquisition trentenaire. Néanmoins rien n’est perdu d’avance. Il suffit que des dirigeants fassent preuve de patriotisme, d’humanisme et de sagesse pour que « l’injustice sociale » soit remédiée.

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      Article : Interview avec le syndicaliste Rivo sur la situation de l’enseignement à Mayotte
      Société
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      15 août 2011

      Interview avec le syndicaliste Rivo sur la situation de l’enseignement à Mayotte

      Rivo, de son vrai nom Rakotondravelo Rivomalala, est Secrétaire départemental de la corporation des instituteurs SNUIPP-Mayotte. A la veille de l’arrivée sur l’île de Luc Chatel, Ministre français de l’Education, il a accepté de nous parler de la situation actuelle de l’enseignement à Mayotte.

      Rivo
      Rivo

      No man’s land : Dans l’après-midi du mercredi 15 juin dernier, des professionnels de l’enseignement et des responsables associatifs ont marché dans Mamoudzou pour dénoncer les propos du Vice-recteur François-Marie Perrin sur « l’accent des élèves maorais » et sur « les utérus des mères mahoraises » . Parlez-nous, monsieur Rivo, de cette marche ?

      Rivo : Le Vice-recteur est un raciste [NDLR : Charles Maurras a créé le mot racisme pour signifier que les races nordiques et germaniques sont supérieures aux autres races]. Désolé, mais je n’ai pas d’autres termes pour le qualifier. C’est quelqu’un qui a perdu la notion du temps et de l’espace. Il se croit quelque part, pendant le colonialisme, où des colonisés bons à trimer devraient tout singer, jusqu’à la façon de parler. Tout le monde parle avec un accent. L’accent du Marseillais n’est pas celui du Parisien, encore moins du Martiniquais ou du Kanak. Alors, à quoi bon stigmatiser le jeune français des banlieues ou de Mayotte ? Pour ce qui concerne le propos sur « le rythme des constructions scolaires ne pouvant jamais suivre le rythme des utérus des Mahoraises », je tiens à rappeler à la personne qui l’a tenu que le temps où on traitait les Africains de primate est révolu.

      Ce Vice-recteur fait partie de cette Droite décomplexée qui se croit tout permis. Et si le SNUIPP-Mayotte et le FSU ont organisé la marche, c’est pour demander le départ de cet énergumène qui tient sans pudeur des propos anachroniques, et, antirépublicains de surcroît.

      No man’s land : Vous venez de suspendre un mouvement de grève qui a duré plusieurs semaines. Quelles raisons ont-ils motivé ce mouvement ?

      Rivo : La grève a duré longtemps que prévu, parce que nous le SNUIPP, qui représente 70% de la profession, et l’Etat (le Vice-rectorat et la Préfecture) avions du mal à établir un dialogue. Nous avions fait part de nos propositions à l’Etat, mais jamais ce dernier n’a daigné nous répondre. Il n’a jamais voulu que nous trouvions un compromis. Du coup, pour que nos revendications soient entendues, nous avions pris nos responsabilités, en déposant un préavis de grève. Et la suite, vous la connaissez.

      No man’s land : Quelles étaient ces revendications ?

      Rivo : Nous demandions qu’il y ait :
      • Des constructions scolaires, notamment des écoles primaires et maternelles ; d’après Médecins du Monde, plus de 50 00 enfants de plus de 6 ans ne sont pas scolarisés à Mayotte. D’après le Vice-rectorat de Mayotte, seulement 70% des enfants de 3 ans sont scolarisés, et seulement 40% de 4 ans, c’est une aberration dans un pays où l’éducation est un droit inaliénable. 75% des écoles mahoraises sont très insalubres, elles ne respectent pas les normes d’hygiène et de sécurité européennes. L’Etat a toujours dit supprimer les rotations, pourtant en raison de manque d’écoles, une salle de classe est partagée par 2 classes et 2 professeurs. Un groupe fait 5 heures d’affilée le matin, et un autre groupe, 5 heures d’affilée l’après-midi. Et à chaque rentrée scolaire, les Mairies n’achètent pas les fournitures scolaires, ce sont les instituteurs qui le font.
      • L’indexation des salaires et la mobilité, les instituteurs de Mayotte demandent à avoir les mêmes droits que leurs collègues des autres Départements.

      No man’s land : Si vous avez suspendu le mouvement de grève, c’est parce que vous aviez eu gain de cause ?

      Rivo : Le blocage existe toujours. Pour les constructions scolaires, nous avons obtenu l’ouverture du dialogue, qui était au point mort depuis le mois de mai dernier. Pour les autres propositions, il y a eu une intervention des nouveaux élus de la nouvelle majorité du Conseil Général et le Député Abdulatif Aly : ils ont envoyé une requête au gouvernement. Nous sommes en attente d’une réponse. Je ne puis qu’être optimiste, puisque les choses ont un peu évolué.

      No man’s land : Quel est le niveau scolaire des élèves mahorais actuellement ?

      Rivo : L’enseignement à Mayotte laisse à désirer. La politique éducative mise en place sur le territoire a désormais échoué. Il n’y a que 20% des élèves de la CM2 qui ont des acquis convenables. Et ces 20% ne sont ni les enfants de l’agriculteur ni ceux du pêcheur. Ce ne sont pas les enfants de monsieur tout le monde ni du monsieur de la France d’en bas. Ce sont les enfants issus des milieux favorisés, où des parents ont les moyens pécuniaires pour mettre à la disposition de leurs enfants des fournitures scolaires, des livres, le câble, l’Internet et d’autres matériaux informatiques, indispensables aujourd’hui. En effet, les responsables de cet échec, ce ne sont pas seulement les 75% d’élèves qui n’ont pas acquis les compétences minimales inhérentes à la réussite scolaire. Les responsabilités sont partagées. Le Vice-rectorat, les parents d’élèves, les élus, les élèves, les professeurs, tout le monde est complice. Puisque ce sont eux tous qui devraient saisir l’Etat pour qu’il mette les moyens adéquats pour rehausser le niveau de l’enseignement à Mayotte. Enfin, seulement 15 % d’une tranche d’âge arrive au bac.

      No man’s land : Monsieur Rivo, avez-vous des propositions à faire à l’Etat ?

      Rivo : Déjà, l’Etat doit construire des écoles pour pouvoir scolariser tout le monde dès l’âge de 3 ans. Réhabiliter les écoles vétustes doit toujours rester une priorité. Ensuite, l’Etat doit mettre en place une politique éducative plus appropriée, notamment une méthode qui tient compte de la situation linguistique de l’île. La langue française à Mayotte n’est pas une langue native, elle est plutôt une langue étrangère. Cela dit, il faudra dispenser plutôt dans les écoles des cours de Français Langue Etrangère (FLE) pour la bonne réalisation des missions éducatives. Toutefois, scolariser les enfants dès l’âge de 3 ans permettra d’atténuer les difficultés de la langue. Je peux aussi citer le problème des professeurs payés au rabais et celui des Mairies qui ne respectent pas l’engagement qui est le leur et qui est d’acquérir les fournitures scolaires pour les élèves.

      Il y a aussi le problème de la formation des professeurs. A Mayotte, comme partout à ailleurs, il y a des bons et de moins bons professeurs. L’incompétence n’est jamais généralisée. Depuis 1991, le niveau scolaire ne s’est pas amélioré. Il est donc temps de former les moins bons. Et toute formation doit prendre en compte les réalités locales. Je donnerai l’exemple des professeurs métropolitains, qu’une fois sur le territoire, prennent vite conscience de leurs incompétences et demandent à faire autre chose. L’ignorance de la sociologie des élèves mahorais et des langues natives peuvent être un frein pour beaucoup de professeurs. Et ce sont les élèves qui sont dans ce cas penalisés. En ce moment, il y a l’IFM (Institut de Formation des Maîtres) qui forme les instituteurs. Mais au lieu de solliciter notre collaboration, ils font tout pour qu’on n’ait pas un droit de regard.

      No man’s land : Monsieur Rivo, c’est quoi réellement le rôle de l’école ?

      Rivo : L’école, en conscience, ne consiste pas seulement à permettre à l’élève à savoir lire, écrire et compter. Son objectif à terme est de mettre à la disposition de l’enfant les moyens de comprendre les phénomènes de la vie, de les analyser et de les critiquer. L’école est le lieu par excellence où l’enfant apprend le vivre-ensemble, prend conscience de lui-même et du monde qui l’entoure. L’école est censée faire de l’enfant un citoyen libre capable de choisir en connaissance de cause. En somme, l’école a pour mission première de fabriquer des futurs intellectuels, des citoyens dotés d’une intelligence, qui sauront s’intégrer dans n’importe quelle société de ce monde. Tout cela est le rôle de l’école, tout cela devrait être le rôle de l’école à Mayotte.

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      Article : LE VILLAGE DE KAWENI VEUT FAIRE SECESSION AVEC LA COMMUNE DE MAMOUDZOU
      Société
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      11 août 2011

      LE VILLAGE DE KAWENI VEUT FAIRE SECESSION AVEC LA COMMUNE DE MAMOUDZOU

      Ahmed Adama est responsable associatif à Kaweni. Il nous parle de l’état actuel de son village. Interview.

      Jeune de Kaweni( N.S)
      Jeune de Kaweni( N.S)

      No man’s land : Le lundi 25 juillet dernier, les jeunes de Kaweni sont allés fermer la Mairie de Mamoudzou. Quelles raisons qui les avaient motivés ?

      Ahmed Adama : Le village de Kaweni a toujours été délaissé par la Mairie de Mamoudzou. Il n’y a d’infrastructures ni socioculturelles ni éducatives. Et le peu d’infrastructures sportives qu’il y a sont en mauvais état. Tout est vétuste à Kaweni, les habitations sont insalubres, les voiries font défaut, et celles qui existent sont remplies d’immondices. Le Maire manifeste une insouciance totale vis-à-vis de l’avenir de la jeunesse de Kaweni. Depuis une dizaine d’années, presque tous les 2 ans, nous manifestons notre hargne. Le 4 octobre 2009, nous avons signé un protocole d’accord avec la Mairie de Mamoudzou pour la construction d’une MJC. Le Maire avait promis que les travaux allaient démarrer au mois d’avril 2010. Et depuis, rien.
      Et le lundi 25 juillet dernier, le Maire a repris devant nous la même litanie : « Les travaux sont en cours, mais les financements font défaut ».

      No man’s land : Le village de Kaweni a envoyé une requête à l’Etat français dans laquelle il explique vouloir faire sécession avec la commune de Mamoudzou. Où en êtes-vous avec les négociations ?

      Ahmed Adama : Nous avons demandé un entretien avec le Préfet Hubert Derache, justement pour lui faire part de notre intention de s’affranchir de la commune de Mamoudzou. Nous avons réceptionné, quelques jours après, un courrier de son cabinet nous conviant à aller voir le sous-préfet délégué à la cohésion sociale et à la jeunesse, M. Grégory KROMWELL. Ce dernier nous a reçus, puis nous a déconseillé l’idée de faire sécession, en évoquant des raisons historiques, politiques[ NDLR : Kaweni a une forte population originaire des autres îles de l’archipel ] et économiques [NDLR : étant donné que c’est à Kaweni où il y a la zone industrielle de Mayotte, en cas de sécession, la nouvelle commune prélèvera certaines taxes sur les entreprises, au détriment de la Mairie de Mamoudzou et de la Préfecture]

      Quant à nous, nous n’allons pas baisser les bras, nous allons continuer à faire montre de diplomatie, et, épuiserons toutes les voies légales de recours pour avoir gain de cause, quitte à porter l’affaire au haut sommet de l’Etat. Kaweni est la première maternité de France, 65% de la population a moins de 20 ans, et, officiellement, nous sommes 11 562 habitants, mais officieusement, nous avons dépassé les 12 000 habitants. Dans les prochaines élections cantonales, nous souhaitons que Kaweni soit érigé en canton, parce que le découpage se fait au nombre d’habitant.

      No man’s land : Vous organisez une remise de prix chaque année à Kaweni. Comment l’événement s’est-il déroulé cette année ?

      Ahmed Adama : Le 16 juillet dernier a eu lieu à Kaweni la 3ème édition de la remise de prix connue sous le nom de « la Nuit des Diplômés ». Nous avons octroyé des prix à tous les jeunes kaweniens qui ont été diplômés cette année, tous niveaux confondus. Et encore une fois, il y a eu une absence totale des élus. Seul le sous-préfet délégué à la cohésion sociale et à la jeunesse, M. Grégory Kromwell, a honoré la cérémonie de sa présence. D’ailleurs, il nous a fait cette remarque : « Mais où sont passés les élus ? » avant de nous renouveler son soutien en nous promettant de faire en sorte qu’il y ait un changement dans la localité. Et nous avons confiance en lui, parce qu’il vient souvent à Kaweni pour organiser des rencontres avec les jeunes.

      Actuellement, grâce à la sous-préfecture déléguée à la cohésion sociale et à la jeunesse, il y a des centres d’accueil pour les jeunes ouverts durant toutes les vacances. Et des jeunes de Kaweni ont été formés, grâce à M. Kromwell, aux métiers de la pêche. De plus, le 4 avril de cette année, un chantier école a été inauguré officiellement à Kaweni en présence de la Ministre chargée de l’Outre-mer, Marie-Luce Penchard, et le sous-préfet, Grégory Kromwell.

      La Mairie de Mamoudzou n’a rien à gagner en écartant les jeunes de Kaweni, bien au contraire : ces jeunes représentent l’avenir de Mayotte. Kaweni est le poumon économique de Mayotte puisqu’il y a ici la zone industrielle de l’île. Ces jeunes, désœuvrés et abandonnés, peuvent faire de ce lieu le cœur d’attaques violentes. Donc, pour éviter que cette population, en majorité jeune, devienne une bombe sociale, il faut, pendant qu’il est encore temps, lui donner les moyens qui permettent de prévenir une délinquance juvénile.

      No man’s land : Avez-vous des solutions à proposer ?

      Commerçant à Kaweni
      Commerçant à Kaweni (N.S)


      Ahmed Adama :
      J’ai deux solutions à proposer :

      – Construire des infrastructures socioculturelles, éducatives et sportives adéquates pour les jeunes.
      – Régulariser tous ces jeunes venus à Mayotte depuis l’âge de 3 ans, voire moins, et qui, à l’âge de 18 ans, se retrouvent injustement sans-papiers français. Ces jeunes ne sont pas des étrangers, ils sont désormais des Français à part entier.

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      Article : Alcoolisme et tabagisme à MAYOTTE, un véritable fléau
      Santé
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      11 août 2011

      Alcoolisme et tabagisme à MAYOTTE, un véritable fléau

      Julie Jacquet est psychologue spécialiste des addictions. Elle exerce à l’IREPS Mayotte et a accepté de nous accorder un entretien sur le fléau de l’alcoolisme et du tabagisme qui prévaut dans le nouveau département.

      No man’s land : Est-ce que les drogues posent vraiment problème à Mayotte ?

      Julie Jacquet : Mayotte est au cœur de profondes mutations socioculturelles. Ainsi, même si les substances psychoactives sont considérées religieusement comme étant « haram », interdites, la consommation semble être en constante augmentation.

      Peu d’études épidémiologiques existent sur le territoire, mais les données dont on dispose montrent que la plupart des jeunes consomment, et que cela se fait de manière excessive (plus de 5 verres en une occasion), dans un contexte festif, en groupe. D’après une étude Angalia menée en 2003, par le Centre Information Jeunesse auprès de 3 852 jeunes de Mayotte de 12 à 26 ans :
      – 1 jeune sur 10 déclare boire
      – 1 garçon sur 4 déclare boire
      – l’alcool est impliqué dans 11% des accidents corporels et 28 % des accidents mortels.

      Il y a aussi un nombre de contrôles positifs au test d’alcoolisme en hausse de 57% entre 2002 et 2006.
      [NDLR: Certains Mahorais, arrivés à l’âge adolescent, pour manifester leur colère envers les parents et la société, pour exprimer leur besoin de liberté, se mettent à consommer des substances psychoactives. Hors-la-loi, comme tout adolescent, consommer ces substances permet de transgresser les valeurs et les normes des adultes, parents et maîtres d’école coranique : sont à la recherche de paricide (veulent tuer le père, comme aurait dit le psychanalyste Sigmund Freud). On peut aussi souligner que certains jeunes à Mayotte ont une faible personnalité, et, à cause de cette dépersonnalisation, tombent facilement dans le mimétisme, imitent le muzungu, l’Européen, qui est souvent, à cause de son influence économique, sociale et politique, pris pour modèle à Mayotte. Consommer des drogues peut parfois être considéré comme synonyme de réussite, d’ascension, de francité sur le territoire ]

      No man’s land : Est-ce que l’alcool contribue à la délinquance ?

      Julie Jacquet : L’effet de l’alcool sur l’organisme est notamment qu’il désinhibe. Ainsi adapte-t-on facilement un comportement nouveau, que jamais on ne se permettrait en état normal. Quelqu’un d’humeur bagarreuse passe donc plus facilement à l’acte, mais quelqu’un n’ayant pas de propension à se battre n’aura alors pas de raison de devenir bagarreur.

      No man’s land : Pourquoi les jeunes du monde consomment-ils des substances psycho-actives (alcool, tabac, cannabis …) ?

      Julie Jacquet : Plusieurs raisons sont possibles, un comportement est de plus toujours le résultat de plusieurs facteurs.
      On peut citer notamment les facteurs suivants :
      – L’influence des pairs : lorsque les amis consomment, on a davantage tendance à consommer soi-même. Cela est vrai pour toutes les personnes importantes pour nous.
      – Certains traits de la personnalité tels que la curiosité, le goût du risque, la recherche de sensation, peuvent constituer des facteurs de risque pour la consommation.
      – Certaines croyances poussent des jeunes à consommer , comme l’idée fausse que cela rend plus fort, qu’ils auront plus de facilité à séduire les filles/garçons ou que cela donne une bonne image auprès des pairs.
      – Les jeunes citent souvent l’idée de plaisir à consommer, associée à la fête et aux partages entre amis.
      – Certains disent consommer finalement pour se soulager, se détendre, ou oublier les problèmes, tout en reconnaissant que les problèmes restent irrésolus.

      No man’s land : Qu’est-ce que l’addiction ?

      Julie Jacquet : L’addiction est le mot anglais qui correspond à la dépendance en français.
      On parle de dépendance quand une personne adopte un comportement (par exemple consommer une substance psychoactive) tout en connaissant les conséquences négatives pour sa santé (physique, mentale et /ou sociale), mais sans pour autant pouvoir s’en passer.


      No man’s land : Qu’est-ce qu’une substance psychoactive ?

      Julie Jacquet: C’est une substance agissant notamment sur le cerveau. On parle aussi de « drogue ». Et l’alcool aussi rentre dans la définition des substances psychoactives/drogues. Ces substances :
       provoquent des modifications des sensations, de la perception et du comportement.
       ont des conséquences négatives pour la santé
       peuvent entraîner une dépendance

      No man’s land : Quels sont les risques de l’alcool pour la santé ?

      Julie Jacquet: L’alcool nuit aux systèmes cérébral, digestif et cardiaque. Il peut également provoquer des problèmes au niveau social (relations avec les autres altérées) et professionnel.

      No man’s land : Le tabac calme, vrai ou faux ?

      Julie Jacquet: En réalité, le tabac augmente le rythme cardiaque. La sensation de relaxation provient du fait que l’état de manque est comblé par la prise de tabac après un certain temps d’abstinence.

      No man’s land : Pourquoi la vente de l’alcool est-elle interdite aux moins de 18 ans ?

      Julie Jacquet: On estime que le cerveau arrive à maturation entre 20 et 25 ans. La prise de substance psychoactive avant cela peut favoriser une dépendance future.
      De plus, l’alcool est principalement éliminé par le foie, et les enzymes responsables de cette action sont présentes en plus petite quantité chez un jeune que chez un adulte.


      No man’s land : Est-ce que les drogues procurent vraiment du plaisir ?

      Julie Jacquet : Il existe dans le cerveau un circuit dit « du plaisir » qui est naturellement activé par toute activité qu’on aime pratiquer. Les drogues activent artificiellement ce circuit, ce qui procure du plaisir. Mais elles prennent ainsi progressivement la place des voies naturelles. Le risque est d’en devenir dépendant et que seules les drogues aient le pouvoir finalement d’activer cette voie.

      No man’s land : Combien de temps faut-il pour éliminer 2 cannettes de bière ? ( )

      Julie Jacquet : 2 canettes = 66 cl 0,66g /L de sang dans le corps.
      On élimine entre 0,1 et 0,15 g/L par heure.
      Il faut entre 4h 30 et 6h 30 pour éliminer 2 canettes de bière à . L’alcool passant dans le sang, rien ne peut accélérer ce processus.

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      Article : YLANG-YLANG, UNE FILIERE EN PLEIN DECLIN A MAYOTTE
      Economie
      4
      11 août 2011

      YLANG-YLANG, UNE FILIERE EN PLEIN DECLIN A MAYOTTE

      Thomas Danflous, co-gérant de la société Aromaore, travaille dans la filière de l’ylang-ylang à Mayotte. Au cours d’un entretien, il nous parle de cette filière en déclin.

      Thomas Danflous co-gérant de la société Aromaore
      Thomas Danflous co-gérant de la société Aromaore

      No man’s land : Quel est l’état actuel de la filière de l’ylang-ylang à Mayotte ?

      Thomas Danflous : La filière de l’ylang-ylang se porte mal, en raison des évolutions juridiques, économiques et sociales, d’une part, et, d’autre part, l’ylang est soumis à un cours mondial qui varie entre 90 et 110 euros le kilogramme. Pourtant, de la cueillette à la distillation de l’ylang pour avoir de l’huile essentiel, le total coûte 300 euros. Avec les alambics INOX, il faut 80 litres de pétrole pour avoir 2 litres d’huile essentielle. Pour ceux qui ont des alambics en tôle galvanisée, disons la majorité des producteurs de l’île, il leur faut du bois, et comme le déboisement est interdit sur l’île, ils achètent cher le bois et en catimini. Du coup, il est illogique, avec un prix de production de 300 euros, de payer au SMIC les gens qui travaillent dans la filière. Peu de gens achètent l’ylang à Mayotte puisqu’après, ils vont le vendre à perte.

      Nous personnellement, pour contourner le problème des pertes, nous produisons notre ylang nous-mêmes, et le vendons aux touristes, en fabriquant des produits plus élaborés à l’instar d’huiles de massage que nous vendons dans des petits flacons. Nous faisons travailler dans les plantations, je me dois d‘ être sincère, des sans-papiers français. Comme le travail est pénible et peu rémunéré, les Mahorais refusent de travailler dans la filière. Le prix du KG est de 10 centimes habituellement contre 1.5€ pour nous. une cueilleuse aguerrie peut espèrer récolter 5KG de fleur/h ce qui est un travail très pénible

      Mais à la longue, nous risquons d’aller en prison. Faire travailler des sans-papiers français ça rapporte de l’argent, mais c’est pénible et trop risqué. La filière de l’ylang à Mayotte est en plein déclin, l’ylang mahorais n’est pas viable, avec les pressions juridiques, économiques, sociales et la dictature du marché mondial.

      No man’s land : Vous avez beaucoup parlé des hommes, et si vous nous parliez de la manière dont vous distillez l’ylang ?

      Thomas Danflous : Il ya 15 alambics INOX à Mayotte qui permettent de produire l’ylang aux normes européennes. Les alambics ont été financés par le STABEX (Système de stabilisation des exportations [des produits agricoles] financé par l’Union Européenne) par l’intermédiaire du Conseil Général de Mayotte. Mais il y a plus de 5 alambics qui ne sont pas opérationnels, sont abandonnés dans des garages. Et personne ne peut les réclamer, nous avons essayé, mais sans succès. De l’argent perdu en quelque sorte.
      Sur 30 producteurs répertoriés à Mayotte, seulement 3 ont moins de 30 ans. Cela dit, il n’y a pas de passation de métier ni de savoir-faire. Certains producteurs préfèrent arracher les ylangs pour planter des cultures vivrières. En plus, les ylangs sont vieux à Mayotte, ils ont plus de 50 ans, ils donnent moins de fleurs étant donné qu’il n’y a pas de régénération de l’espèce.

      La majorité des producteurs mahorais distillent l’ylang à partir d’alambics en tôle galvanisée et malheureusement pour eux, l’essence est légèrement jaunâtre, il y a des métaux lourds. Les huiles essentielles ne sont pas aux normes européennes. Du coup, les grossistes importateurs n’en veulent pas, les entreprises pharmaceutiques non plus. Et ceux qui achètent ces huiles, ne l’achètent pas aux prix normaux.

      No man’s land : Vous avez parlé de grossistes importateurs, qui est-ce ?

      Thomas Danflous : En fait, les producteurs mahorais vendent l’ylang à un collecteur qui le filtre et le revend à son tour à des grossistes qui sont basés souvent à Grasse, en Hexagone. Ces derniers vendent l’huile essentielle à des transformateurs ou des parfumeurs, qui, eux, fabriquent les produits finis qu’on trouve dans les grandes surfaces et pharmacies. Ceux qui extraient les fleurs et ceux qui les collectent gagnent peu, pendant que les grossistes et les transformateurs se remplissent les poches.

      No man’s land : Et que fait l’Etat pour sauver la filière ?

      Thomas Danflous : Pour être honnête, le Conseil Général de Mayotte ne fait rien. L’administration a baissé les bras, et, les quelques aides de la DAF (Direction de l’Agriculture et des Forets) ne pourront pas sauver la filière. Pourtant les producteurs mahorais produisent de l’ylang de qualité supérieure. L’ylang de Mayotte est sans l’ombre d’un doute le meilleur au monde.

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      Article : Evacuations sanitaires des Comores indépendantes vers Mayotte
      Santé
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      11 août 2011

      Evacuations sanitaires des Comores indépendantes vers Mayotte

      évacuation sanitaire/ www.coloriage-dessin.com
      évacuation sanitaire/ www.coloriage-dessin.com

      Mme Nicole COGGHE est cadre supérieur de santé au Centre Hospitalier de Mayotte. Elle est responsable au pôle SMUR-Réanimation-EVASAN. Elle a accepté de nous parler des évacuations sanitaires faites des Comores indépendantes vers Mayotte.

      No man’s land : Quel type de patient comorien a droit à une évacuation sanitaire vers Mayotte ?

      Nicole COGGHE : Il existe deux types de patients qui peuvent être évacués à Mayotte.
      – Le premier type est le patient qui demande un visa sanitaire hors extrême urgence. Celui-ci doit être solvable. Il doit avoir les moyens pécuniaires pour payer ses frais de voyage pour Mayotte et les soins hospitaliers, une fois sur le département. Il envoie un dossier médical, par l’intermédiaire du comité EVASAN-Comores, au service de santé concerné à Mayotte. Quand le chef de ce service donne son accord, un comité se réunit au Centre Hospitalier de Mayotte pour examiner le dossier et rendre une décision administrative.

      Le Comité est constitué de 4 membres :

      – Du médecin Conseil Caisse Sécurité Sociale Mayotte

      – Du médecin inspecteur Agence Régionale de la Santé

      – Du Médecin Président de la Commission Médicale d’Etablissement

      – Du Médecin Responsable du service EVASAN

      Après accord du comité, un dossier est envoyé au comité EVASAN à Anjouan ou à Moroni pour faire la demande du visa sanitaire aux Vice-consulats.

      Néanmoins, il y a des institutions qui sont spécialisées dans les évacuations sanitaires telles que Mondial Assistance ou Assistance Océan Indien qui est basée à Madagascar. Ils ont des avions sanitaires, par contre, ils font souvent les évacuations vers la Réunion.

      – Le deuxième type est le patient qui nécessite une urgence sanitaire. Ce peut être soit une victime d’une brûlure d’une étendue de plus de 40 %, soit une personne atteinte d’une pathologie qui ne peut être soignée aux Comores indépendantes.
      Et sur décision médicale (d’un chirurgien ou du chef du service des brûlés), une décision administrative est prise par le comité EVASAN-CHM, et la Sécurité Sociale de Mayotte prend en charge le malade une fois à Mayotte. Le patient est évacué à Mayotte et soigné à l’aide du Fonds de la Coopération Régionale qui a été mis en place par l’État français pour lutter contre la clandestinité. Une fois le patient soigné au Centre Hospitalier de Mayotte, l’État français lui paie le billet retour. Quand un enfant est brûlé, l’État français paie également le billet d’un accompagnateur, qui, souvent, est un parent.

      Néanmoins, les patients qui nous sont envoyés des Comores apportent des germes durs car les conditions d’hygiènes ne sont pas respectées dans les hôpitaux comoriens. Pour éviter des germes complémentaires au Centre Hospitalier de Mayotte, nous avons alors dû mettre en place des moyens là-bas, en construisant des sas sanitaires à l’hôpital El-Maarouf de Moroni, et bientôt, un autre à l’hôpital de Hombo, à Anjouan. En fait, un sas sanitaire est un îlot hyper-propre contenant tous les moyens modernes (des antibiotiques par exemple), pour prendre en charge des patients.

      No man’s land : Beaucoup de Comoriens, des cancéreux pour la plupart, arrivent à Mayotte clandestinement pour se faire soigner. Parfois, ce sont des malades qui avaient fait, mais sans succès, des demandes de visas sanitaires. Apparemment, les malades qui ont le précieux sésame sont triés sur le volet ?

      Nicole COGGHE : L’Hôpital de Mayotte a 130 lits. Déjà on n’a pas suffisamment de lits pour la population mahoraise, on ne peut pas, malheureusement, prendre tout le monde en charge. Toutefois, nous avons obligation d’accueillir les patients sans distinction de couleur, de sexe, de nationalité.
      C’est vrai, il y a beaucoup de Comoriens souffrant de cancer qui viennent se faire soigner à Mayotte. Et dès qu’un cancer est détecté chez un malade, nous le prenons en charge. S’il y a lieu d’évacuation vers la Réunion, nous le faisons évacuer et prenons en charge son retour sur Mayotte. Par contre, s’il y a besoin de chimiothérapie, l’opération est faite ici à Mayotte.

      No man’s land : Certains médecins comoriens se plaignent que des hauts placés de l’État comorien leur mettent la pression pour qu’ils montent des dossiers médicaux pour des non-malades. Pourriez-vous confirmer le fait ?

      Nicole COGGHE : Des pressions politiques sur des médecins pour qu’ils accordent des autorisations à des non-malades, j’en ai déjà entendu parler. Néanmoins, nous n’avons jamais reçu des patients qui sont bien portants. Malheureusement, les gens qui arrivent dans nos services ont vraiment besoin de soin.

      No man’s land : Pourquoi l’État français ne développe-t-il pas de moyens aux Comores afin que les Comoriens soient soignés chez eux ?

      Nicole COGGHE : L’État français avait toujours aidé les Comores en matière de santé. Maintenant, ce n’est plus le choix fait par le gouvernement. Pourquoi ? Je ne sais pas. Cependant, dans le cadre du Fond de Coopération Régionale, l’État français forme des professionnels soignants comoriens, 70 sont venus faire des stages pendant 1 mois au Centre Hospitalier de Mayotte. Des Majors ont été aussi formés aux pratiques professionnelles, des sages-femmes formées à la prise en charge d’un accouchement sanitaire, et nous formons aussi les professionnels soignants en hygiène. De temps en temps, un apport en médicaments est donné au PNAC (pharmacie du ministère de la santé comorien).
      En fin, il est à souligner que d’autres pays comme les Émirats Arabes Unis, la Chine et le Qatar aident aussi les Comores indépendantes en matière de santé.

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      09. août
      2011
      News
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      Un bateau chavire au large de la Grande-comore

      Le Madjiriha, un bateau comorien faisant la navette entre les îles de l’archipel des Comores, a chaviré ce mardi 9 août, à 3 heures du matin, au large du sud de la Grande-comore, pas loin de Sima ya M’bwani, dans le M’badjini. Il avait à son bord, d’après le service de l’Immigration, « 12 membres d’équipage, 93 passagers et des enfants dont le nombre est inconnu ». Des chiffres contestés par certains rescapés, rencontrés à l’hôpital El-Maarouf, qui parlent « de plus de 200 passagers: étant donné que des passagers du Ville de Sima, un autre bateau comorien qui n’a pas pu partir hier soir pour Anjouan, ont été transbordés dans le Madjiriha. »

      Bateau à la dérive
      Bateau à la dérive

      Le bateau, qui a quitté le port de Moroni à 22 heures 30, est tombé en panne aux environs de minuit. « A minuit, notre moteur [le Madjiriha avait un moteur au lieu de deux] a commencé à chauffer, en raison de cette panne de pompe à eau, il n’y avait plus de liquide de refroidissement. Nous avons éteint le moteur pour pouvoir le réparer. Nous avons appelé la capitainerie du port de Moroni, pour qu’elle nous envoie des secours. On nous a faits comprendre que notre demande ne pouvait pas être satisfaite, faute de carburant. On a insistés, mais sans succès» nous a confié un rescapé qui travaillait dans le bateau. « Nous avions mis de l’eau dans le moteur en panne et l’avions démarré, mais à peine que le bateau a-t-il été démarré , l’ l’hélice a vite tourné , le bateau a dévié , percuté un rocher et chaviré. » nous a appris le rescapé Nadhir Abdou Saïd, graisseur dans le Madjiriha. L’armateur du bateau est l’homme d’affaire et producteur de disque Abdoulatuf Madjiriha. Le bateau était au mouillage pendant plusieurs mois, il n’a repris la mer que depuis 2 mois, après l’achat en Europe d’un moteur d’occasion. « Visiblement, le Madjiriha était en bon état, à moins que le commandant du bateau nous ait menti. » nous a-t-on expliqués au service de l’Immigration, le matin du naufrage. Ainsi, n’y a-t-il jamais eu lieu de visite technique ; par ailleurs, la vétusté du moteur ne serait-elle pas la cause de l’avarie au bateau ?

      « On a dû nager pour atteindre le rivage. Et sitôt une voiture qui passait sur la route nous a évacué à l’hôpital El-Maarouf » nous a confié le rescapé Jaffar Mourchid, âgé de 23 ans. « J’ai pu examiner 1 cuisinier, 2 graisseurs et 2 passagers. Et j’ai constaté que psychologiquement ils se portent bien. » nous a rassurés Docteur Mistoihi, psychiatre à l’hôpital El-Maarouf. « On estime à 40 au moins le nombre de morts, dont 17 enfants. On a recensé, pour le moment, 61 rescapés, dont un bébé. Pour l’instant, le nombre de disparus est estimé à 23. » nous a dit Mohamed Cheick, journaliste à la radio nationale. Toutefois, aux environs de 13 heures, 25 corps, dont 11 enfants, ont été transportés pour conservation en chambres froides de l’hôpital El-Maarouf. D’autres corps sont attendus dans les heures à venir. Il est à souligner que les secours n’ont commencé à s’organiser que plusieurs heures plus tard, aux environs de 8 heures. [A 16 heures 30, « les corps transportés à l’hôpital El-Maarouf sont au nombre de 52, et 10 sont attendus dans les heures à venir. Les chambres froides sont suffisantes pour tous les corps » nous a appris Mounsuf Mohamed Saïd, Directeur de l’hôpital El-Maarouf. Des religieux, dont le prédicateur Jibril, viennent d’arriver à l’hôpital El-Maarouf. Ils vont faire la toilette mortuaire musulmane aux corps. Il est à noter que chez les musulmans une toilette purificatrice est effectuée suivant un rite bien précis. Ce matin, mercredi 10 août, « on a recensé 59 corps, dont un n’a toujours pas été dégagé de l’épave en raison des intempéries »a-t-on appris de source militaire. ]

      En moins d’une décennie, il y a eu aux Comores plus de 4 naufrages qui ont faits des milliers de victimes. Les barques cherchant à atteindre clandestinement les côtes mahoraises sont exclues du compte. Maintenant, il est temps, à l’heure où plusieurs âmes comoriennes finissent leur destin dans les fonds sous-marins, d’établir les responsabilités de chacun dans ce pays en détresse.

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      03. août
      2011
      Culture
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      Les Cicatrices d’Alain-Kamal Martial

      Cicatrices d'Alain-Kamal Martial
      Cicatrices d’Alain-Kamal Martial

      Comment voulez-vous que je vous parle moi qui ai été engendré par la guerre, comment voulez-vous que j’agisse moi, moi qui porte dans la tête les noms des morts fusillés des générations et des générations assassinées […].

      Un homme, machette à la main, le geste suspendu et la pensée qui revisite les cicatrices, les guerres, les haines. Un temps immémorial, au temps où le geste ne s’accouplait pas avec la pensée, un temps hors de la langue, au temps où seul le bruit de la machette disait la destinée de chaque être, de chaque génération, de l’homme contre l’homme, de la nation contre la nation… Un narrateur sans nom. Un pays sans nom. Une terre sans nom. Au temps où la mort ne peut être que. Une initiation dans le silence et la négation de la parole. Mais le geste suspendu du narrateur et la parole qui persiste à être, la mère qui raconte le viol permanent…
      Cicatrices est un roman qui interroge sur la langue, sur le legs des ans, la barbarie recommencée et le rêve des hommes. De paix ou de violence ? Un roman singulier et troublant.

      Titre du livre : Cicatrices
      Genre : Roman
      Editeur: Vents d’ailleurs
      Prix Unitaire: €8,00
      Format : 14 x 20,5 cm, 64 pages
      ISBN : 978-2-911412-86-8

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      Article : SAMBI : PARTIRA OU NE PARTIRA PAS ?
      News
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      13 avril 2011

      SAMBI : PARTIRA OU NE PARTIRA PAS ?

      Officiellement le départ du Président Ahmed Abdallah Sambi est fixé le 26 mai 2011 et à Baït-Salam, palais présidentiel des Comores, d’aucuns laissent entendre que les préparatifs de l’investiture du prochain Président de l’Union des Comores Ikililou Dhoinine ont commencé. L’opposition comorienne trouve la déclaration du départ de Sambi spécieuse et « attend de voir pour y croire », sachant que le mandat du Président Sambi a expiré depuis deux ans et pourtant il s’est toujours accroché au pouvoir.

      Sambi
      Sambi

      Aux Comores indépendantes, deux questions ne cessent de triturer l’esprit de nombreux jeunes : « Où sont passés les 5 milliards de FC que le roi Abdallah d’Arabie Saoudite a octroyé à Sambi, au début de son mandat, pour la réalisation de son fameux projet Habitat, qui n’a jamais vu le jour jusqu’à présent ? Et où sont passés les 200 millions de dollars de la vente de la citoyenneté économique à 4000 familles bédouines, qui jusqu’à maintenant n’ont pas foulé le sol comorien ? » En effet, qui aurait cru qu’un maître du Coran comme Sambi aurait pu se faire une place au soleil en trompant tout un peuple et des Etats et en imposant un automate à sa succession à la tête de l’Etat comorien ?

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      Le no man's land numérique

      Auteur·e

      L'auteur: Adjimaël HALIDI
      a collaboré au magazine économique mahorais Horizon Austral , à l’hebdomadaire Mayotte Avance , au quotidien La Gazette des Comores et à l'Agence de presse HZK-Presse.

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